Technopole sans âme coincée entre Cannes et Nice, créée de toute pièce à l'orée des 70's, Sophia Antipolis est un décor merveilleux de cinéma. Virgil Vernier l'a bien compris et livre un film tout aussi / encore plus réussi que son précédent Mercuriales, en abordant les mêmes questions, qui semblent jalonner son oeuvre, tournant autour des no man's land, de la territorialité et de la manière dont l'homme s'approprie le territoire. Oscillant de manière permanente entre le documentaire et la fiction, à tel point que le doute est permis de manière permanente, Vernier filme son époque avec une acuité rare, mêlant l'expérimental au poétique, l'enquête de police au drame personnel. Bref, il y a mille films en un, et l'ensemble est d'une beauté plastique, d'une cohérence et d'une profondeur sidérante. Le renouveau du cinéma français se joue donc bien ici, avec une proposition aussi nouvelle que radicale, et à mille lieux des esbroufeurs à la Gonzalez ou Mandico.