Ceci n'est pas un film, c'est un pièce de théâtre...
... Adaptée par T. Williams lui-même, ce qui lui permet de garder un certain crédit, mais pas d'en faire un bon film. Planter une caméra de devant des comédiens, aussi excellents soient-ils (et croyez-moi, ils le sont), ce n'est pas mettre en scène.
Soudain l'été dernier, c'est une triplette d'acteurs capables de tenir des monologues comme s'ils étaient sur une scène devant 300 personnes, mais avec la simplicité exigée par la proximité de la caméra. Katherine Hepburn et Liz Taylor envoient l'une et l'autre des prestations magistrales en flirtant avec la folie juste ce qu'il faut. C'est dit.
Le film a malheureusement les défauts de ses qualités. Les longs monologues peuvent être très pénibles si on ne se met pas en mode "je suis un spectateur de théâtre devant mon écran".
Code Hays oblige, Williams ne peut pas parler ouvertement de l'homosexualité du personnage disparu, au centre de l'intrigue. D'où des répliques à la limite du ridicule, et une fin à la symbolique un peu trop démonstrative. Dans la forme, les fondus ont terriblement vieilli, et il y a un côté très étrange à voir soudainement des scènes muettes, en plein air, avec des figurants. J'ai aussi eu l'impression désagréable qu'il fallait absolument exhiber les atouts de Liz Taylor, comme si c'était dans le contrat.
On peut voir "Soudain l'été dernier" en ayant conscience de ses qualités (certaines) et de ses défauts (nombreux). Leçon de cinéma du jour : ce qu'il ne faut pas faire en tournant un huis clos.