Le sexe et la mort brusquée par des prédateurs en folie.

Un titre de critique pour essayer de recenser tout ce qu'aborde le film à mes yeux. Plus que simplement aborder, c'est avant tout une manière de le montrer. Une manière que Mankiewicz maitrise particulièrement parmi ses décors remplis de surprises et de sous entendus (d'abondance et de peur). Une véritable démonstration technique aussi pour l'époque avec ses effets-spéciaux, ses plans séquences de qualité aux rythmes variés et ses scènes qui se déroulent dans des lieux toujours plus différents les uns des autres imposant des contraintes de tournage à peine perceptibles...


Mais là où je reste le plus impressionné - quoi qu'aidé par la pièce dont le film est adapté - c'est par l'enchainement des thématiques abordées. Celle du sexe dont tout le film reste imprégné. Une sexualité d'autant plus forte qu'elle est refoulée. Il y a aussi celle de la folie entre les personnages ; qui est vraiment fou ? La conscience et l'inconscience comme seuls indices pour s'y retrouver à travers des souvenirs refoulés. Un docteur qui pourrait être l'image de la maitrise, de la conscience qu'il manque aux personnages. Pourtant, lui même ne semble pas plus net que les autres... Alors à qui se rattacher ? On nous perd avec ces personnages et tous ces liens à la psychanalyse qui donne au film ce caractère incompréhensible voir fantastique. Dès lors, nous sommes baladés et manipulés autant que les personnages le sont (presque tous). Nous entrons aussi dans leur folie magnifiquement illustrée et amenée dans les dialogues. Le tout dans des décors très variés mais plus que sensés.
Le film m'a donc perdu (à l'image de ma critique) pourtant j'étais encore conscient de ce qui se passait. Mais assez perdu pour me raccrocher à cette tendance fantastique pour croire en la chute.


Mais il reste une chose. Une chose implicitement amenée par le film mais qui semble résulter de tous ces sujets abordés. La conscience et l'inconscience, le sexe et la mort et ces prédateurs ! Des prédateurs omniprésents dans le film. D'abord par les dialogues puis mis en image. Ils font peur, très peur. Et le pourquoi de cette prédation reste futile à côté de toutes ces réflexions que nous avons eu auparavant. Des réflexions sur la nature humaine "tout simplement". Cela donc pour amener la question de l'existence. À quoi est ce qu'elle tient, comment l'utiliser à ses fins, les troubles ante et post mortem qu'elle apporte... Tout le film semble tenir sur cette question de l'existence qui en cache tant d'autres.


Un excellent film donc, au casting incroyable et très théâtral. Il est adapté par Mankiewicz de la pièce de Tennessee Williams, que je salue tant sur le plan technique que sur les messages qu'il renvoie.

CharlesPrévôt
8
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le 9 mai 2016

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