Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

"Soul" semble être un prolongement de « Vice Versa », deux films qui interrogent sur le rapport à soi, à nos émotions, à notre apprentissage de la vie et au sens qu'on veut donner à celle-ci. Si « Vice Versa » sondait la psyché d’une adolescente en pleine transformation, « Soul » se plonge dans le doute existentiel d’un adulte aux prises avec une passion qu’il n’arrive pas à assouvir.


Avec beaucoup de simplicité et de subtilité, le récit présente un personnage insatisfait de son travail d’enseignant en musique, même s’il est capable de transmettre son envie. Nous ne pouvons que nous reconnaître en Joe : un homme tiraillé entre son ambition de jazzman et sa culpabilité de ne pas être à la hauteur des attentes familiales. L’accident est d’autant plus cruel qu’il rappelle que la vie n’est pas qu’une succession de choix mais également un mouvement qui échappe parfois à notre volonté. Il faut savoir accepter. Seulement, Joe n’accepte pas, ni l’échec ni la paix céleste. C’est alors que Soul démarre un nouvel acte : faut-il préférer le bouillonnement fiévreux et parfois dantesque de la vie terrestre ou la paix, la sérénité peut être aseptisée d’un au-delà ?


C’est en cela que le rapport entre Joe et 22 se révèle passionnant car il entrechoque deux visions du monde. Au-delà des gags visuels savoureux, des idées visuelles colorées et virevoltantes, de la magie d’un monde dont certains secrets resteront enfouis, « Soul » cherche à convaincre sans naïveté de la beauté de l’existence malgré les difficultés. Telle une partition de jazz, il faut savoir improviser, se laisser porter et se sensibiliser à son environnement. Sans être démonstratif ou lourd, « Soul » essaye de renouer au partage, au ressenti, à la bienveillance et à la curiosité enfantine qui fait explorer les beautés cachées d’un monde au premier abord en perdition.


Le plus bel enseignement de Joe, c’est de faire comprendre à 22 qu’un état de crise n’est pas synonyme de fatalité, d’immobilisme. Aborder le monde, c’est agir, parler, essayer, comprendre et prendre des chemins qui amènent des solutions pour soi et les autres. C’est la bienveillance et l’émerveillement qui peuvent porter le monde. Une vision très candide ? « Soul » n’a pas la prétention d’être le porte étendard d’une idéologie, juste de convaincre que nous avons tous une place dans l’existence et qu’il faut la saisir pour vivre. Avec beaucoup de pudeur, Joe comprend que la passion n’est rien sans la vie, que c’est celle-ci qui donne bien du sens à ce que nous sommes. La seconde chance pour 22 et Joe, c’est finalement de regarder le monde dans les yeux pour mieux l’étreindre.

AdrienDoussot
8
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le 26 févr. 2021

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