Soul Docter
Reprochez ce que vous voulez à Pixar, mais la firme à la lampe n'est pas dénuée à la fois d'ambition dans les histoires qu'elle veut raconter comme dans la manière dont elle les raconte ainsi que...
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le 28 déc. 2020
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Si on cherche le point de départ d'une crise identitaire chez Pixar, on pourrait objectivement le situer en 2010, quand Woody et ses acolytes sonnaient la fin de la récré avec Toy Story 3. Le signal que le chamboulement industriel opéré par Disney allait irrémédiablement changer la face du studio à la lampe Luxo. Depuis, si on oublie les suites inutiles et les films réalisés par de nouveaux venus, chaque Pixar mené par les éléphants du studio semble avant tout parler de...Pixar. Vice-Versa annonçait la difficile transition d'un âge vers un autre, Coco jonglait avec le notion de mort,d'héritage et d'oubli. Même le moins réussi En Avant avait tout du bulletin de santé alors que les bureaux d'Emeryville se cherchait un "père" suite au départ de John Lasseter. Thématiquement, Soul est néanmoins plus proche des deux premiers, dont il vient clôturer les enjeux.
Grand objet théorique, sûrement moins accessible aux plus jeunes, ce nouveau film tient autant de l'exercice thérapeutique que du baroud d'honneur. Difficile de voir un hasard quand plusieurs totems du studio (la camionnette Pizza Planet, la baleine de Nemo, le dirigeable de Là-Haut,...) errent dans une sorte de mausolée pour l'inspiration (appelé le Grand Bazar).
Au travers du voyage de deux âmes en quête d'une vocation, aux frontières de la vie et de la mort, c'est bien le studio qu'on devine en filigrane. Arrivé à un point où les angoisses sont arrivées à leur paroxysme, Peter Docter (réalisateur des classiques Monstres et cie ou Là-Haut) et Kemp Powers encapsulent ce moment de suspension où déboulent les questions fondamentales. Quels sont les buts essentiels de l'existence, comment et où (re)trouver l'inspiration ? Si on regarde dans le rétro, tous les films Pixar parlent de résilience, d'accepter les épreuves un sourire aux lèvres et les yeux embués. À ce niveau, Soul ferme donc la marche. Et de quelle façon ! Malgré les évidentes similitudes avec Vice-Versa, l'univers entre les fulgurances abstraites (le Grand Avant et ses gardiens filiformes) et le photo-réalisme urbain est d'une beauté à en pleurer. Le rythme se fait également parfaitement resserré, multipliant les idées dans le comique, la métaphysique et le pur trip. Le grand écart stylistique (extrêmement casse-gueule) se retrouve également dans la direction musicale. Les compositions de Trent Reznor et Atticus Ross accompagnés de Jon Batiste, mêlant expérimentations électros et balades jazz, touchent à une harmonie incroyable. S'il y a une ou deux petites choses qui manquent pour élever Soul au rang des inoubliables, elles concernent le temps passé au Grand avant, pas assez conséquent pour en découvrir assez. Et la toute fin qui - si elle ne perd rien en émotions - semble légèrement arrondir les angles (inutilement ?), quoique le message passe tout de même. En dehors de cela, tout concourt à transformer ce 23ème opus en méditation salutaire (purificatrice ?) avant de sortir prendre l'air et repartir à neuf.
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Créée
le 29 déc. 2020
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