Un film bleu. Bleu comme la nuit, comme l'océan des profondeurs, comme un parti politique de droite... Bleu, et on ne sait pas pourquoi. Tout Soul Assassin est bleu, et alors qu'on repense aux anciens Harold Lloyd qui mettaient un filtre bleu pour signifier la nuit, ici on ne peut pas avancer d'hypothèses, car on est à Amsterdam, en extérieur, en pleine journée, et il y a un filtre bleu foncé criard sur l'image. Alors on se résigne, comme si l'on regardait une nouvelle tentative esthétique ratée, comme une réinterprétation du noir et blanc que personne n'a demandé, et on essaie de suivre l'intrigue. On essaie, seulement, car on est arrivé au bout de cette enquête pour découvrir "mais qui a tué sa femme ? Et éventuellement, pourquoi ?" épuisé par les trahisons, les agents doubles, les motivations cachées, un imbroglio de coups fourrés qui nous a fait perdre le fil au bout d'un moment, et arriver sur le final en ne sachant même plus qui est la personne responsable (parce que si c'est vraiment Machin qui a commandité l'action, mais qu'il/elle s'est fait(e) rouler par Truc, et devancer par Chose... Heu... Bon, le prochain qui passe, on dit que c'est lui). Dans cette mer bleutée de toute beauté (c'est faux), nage un Skeet Ulrich qui doit amèrement regretter la saga Scream, vraiment moins dure à suivre, et nettement plus fun (même le 3, si, si...). On ne s'amuse jamais par l'action (la meilleure cascade : une descente d'escaliers à vélo, parce que c'est le véhicule-cliché d'Amsterdam, oui, on en est là...), on se perd vite dans les dialogues interminables et les trahisons d'agents doubles, triples, et autres multiplicateurs, et finalement on ne retient que la couleur improbable du film. Avec ce bleu infernal, Skeet Ulrich peut candidater au prochain film Schtroumpfs ou Avatar, on voit déjà bien ce que ça donnera.