De L'autre Côté sorti en 2007 était un film grave traitant de la mort mais surtout de la vie, une histoire d'engagement et de combat, d'amour aussi, et de ces chassés croisés incessants entre l'Allemagne et la Turquie, l'Europe et l'Asie.
" Avec Soul Kitchen, j'ai eu besoin de faire un break. Je ne suis pas une machine, je ne peux pas enchaîner les films de manière automatique.
Plus frivole, Soul Kitchen ressemble à un feel-good movie nostalgique et chaleureux." déclare le cinéaste Fatih Akin.
Et en effet on assiste à un changement de ton complet avec cette dernière réalisation récompensée par Le prix Spécial du Jury au Festival du Film de Venise : une comédie plutôt déjantée, portrait attachant d'un jeune restaurateur, dont la gargote favorite, qu'il a créée de ses mains et avec toute son âme (soul), va devenir, après bien des galères, un restaurant branché pour artistes bohèmes et fêtards.
Mais avant d'en arriver là, Zinos, Adam Bousdoukos d'un naturel confondant, aura perdu sa petite amie, jeune bourgeoise allemande partie bosser à Shangaï, dépanné à ses risques et périls son frère ex-taulard, joueur et combinard ( Moritz Bleibtreu plus vrai que nature ), connu et déjoué les manoeuvres véreuses d'un ancien copain devenu agent immobilier et résolu à grand peine ses problèmes de dos.
Pas de débat engagé mais des gags souvent très drôles en guise de réponses, et c'est finalement grâce à l'esprit d'entreprise de notre héros et à son Chef caractériel mais ô combien doué : Birol Ünel impayable en maître queux loufoque et passionné, que le quartier populaire de Hambourg deviendra LE lieu branché permettant à Zinos de racheter in-extremis ce Soul Kitchen si cher à son coeur.
Un film où Fatih Akin retrouve ses potes, dont Birol Ünel justement, pour lequel il a écrit le scénario "un ami là depuis le début et qui le fascinait" et surtout Hambourg sa ville natale qu'il connaît comme sa poche, rythmé par une BO d'enfer qui nous balade de Paloma à Quincy Jones avec petit arrêt sur Kool & the Gang.
"La musique est la nourriture de l'âme" crie un Zinos désespéré à l'inspectrice des impôts qui repart du Soul Kitchen avec son équipement stéréo confisqué parce-qu'il n'a pas payé les charges du restaurant. La soul est le cœur de ce restaurant de Wilhelmsburg : qu'il s'agisse de morceaux instrumentaux aux accents funk, comme ceux de Mongo Santamaría, ou bien de classiques du rhythm and blues, comme Sam Cooke ou Ruth Brown.
Sans prétention, enlevé et plein d'espoir, ce film fait un bien fou à l'âme et on en sort avec le sourire.