Sans le tapage médiatique et la polémique autour de ce film, serait-on allé le découvrir en salles? Probablement pas. Tous les médias mainstream qui le boycottent, crient au loup ou le descendent en flèche sous couvert de complotisme ou de conspirationnisme ont-ils tort? Totalement, tant ce long-métrage ne parle quasiment pas de tout ce qu’on peut lui reprocher. Et c’est d’ailleurs symptomatique de notre époque de descendre des œuvres en flèche sur des suppositions et des rumeurs alors que la plupart de ces médias ne semblent pas l’avoir pas vu. Cette polémique taxant d’un côté le film de propagande pour le groupuscule Qanon par les adeptes de la pensée unique et d’œuvre importante et nécessaire pour faire éclater la vérité sur des pratiques de trafic sexuel d’enfants par les élites pour la sphère complotiste de l’autre est-elle justifiée? Pas du tout, tant c’est stérile au point qu’on se demande si ce ne sont pas les producteurs qui ont lancé une campagne virale pour faire mousser le film. Et si c’est cela, ils ont eu raison car cela a donné une visibilité extraordinaire à ce thriller anecdotique qui n’aurait certainement pas fait le même carton sans tout cela. Alors coup marketing malin à la Blair Witch? Pétard mouillé? Les deux et plus encore? « Sound of freedom » c’est un peu tout cela. Mais c’est surtout un petit suspense honnête mais peu mémorable inspiré (et on insiste sur le mot « inspiré ») de faits réels comme des tas d’autres films. D’ailleurs, les opposants à cet thriller ne peuvent se baser sur cet argument car oui c’est bien inspiré d’une histoire vraie. Mais une histoire qui n’a rien d’extraordinaire tant le trafic d’humains et notamment d’enfants à des fins sexuelles n’est pas une invention. Mais pour ce qui est de l’adrénochrome, des sectes pédo-satanistes ou même des ramifications avec l’affaire Epstein, le film n’en cause absolument pas.
Maintenant que la lumière est faite sur tout ce qui n’est pas cinématographique, qu’en est-il du film en lui-même? Et bien rien de transcendant au programme. On suit l’histoire de l’agent Ballard qui a sacrifié une partie de sa vie pour sauver des enfants d’un trafic en Amérique du Sud à des fins de pédopornographie. Troisième film d’Alejandro Monteverde, ce « Sound of Freedom » peut compter sur une mise en scène soignée et efficace. Le long-métrage est visuellement très agréable, on ne peut le nier. Il y a un côté croyant (le studio producteur fait partie de ceux qui font ces œuvres évangéliques qui cartonnent outre-Atlantique) mais on n’est pas dans un prosélytisme malsain, ce facteur restant discret ou juste à travers quelques dialogues mesurés avec parcimonie. Jim Caviezel est très convaincant dans le rôle principal, on le sent très investi par le personnage et son combat, et Bill Camp est également très bon, notamment au détour d’une scène qui explique ses motivations. En revanche, le film est bien trop long et on a l’impression qu’il ne démarre jamais. La première partie est molle, lente et s’éternise pour pas grand-chose; en somme c’est bien trop long à se mettre en place. Et lorsque c’est le cas, les scènes de tension sont quasiment inexistantes, Monteverde échouant à créer du suspense et rendre son film palpitant. Quant à l’émotion, elle est parfois un peu forcée, faisant passer « Sound of Freedom » comme larmoyant. Au final, ce long-métrage qui fera date par ce qu’il y a autour ne mérite pas tout le foin qu’on en fait car il se résume à un banal film de sauvetage sur un sujet gênant mais finalement peu développé. Beaucoup de bruit pour rien encore une fois. Cependant, il ne mérite pas non plus toute la haine qu’on lui voue de la part de scribouillards pseudo bien-pensants.
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