Séparer l'oeuvre de l'expérience ?

Commençons par le positif : ce film est génial. L'histoire est intéressante, les acteurices sont fabuleuxes, je suis content de m'être bougé pour aller le voir. De ce que j'ai pu voir de la culture sourde à travers le prisme des Youtubeurses de cette communauté, je trouve le film plutôt fidèle.

Mais j'ai passé une mauvaise expérience, vraiment pas agréable. Pour beaucoup de personnes neurodivergentes et/ou sensibles aux sons, les changements brutaux entre silence et bruits, la puissance des scènes de métal et de disputes, c'est très brutal. Même si avec la bande-annonce j'ai essayé de me préparer, j'ai beaucoup sursauté, et j'ai été très dérangé auditivement en général. Et je suis convaincu que l'expérience sonore aurait été plus pertinente si on avait tout le temps le point d'ouïe de Ruben - quel est l'intérêt d'entendre ce qu'il n'entend pas ?

Enfin, le film manque cruellement de content warnings : mutilations (certaines visibles dès les premières minutes du film), mention de suicide, comportements addictifs, encore des mauvaises surprises qui peuvent mettre mal à l'aise.

Annoncer une expérience commune aux personnes malentendantes/sourdes et entendantes, au détriment des personnes neurodivergentes et/ou sensibles aux sons et/ou avec des traumas, c'est une forme de validisme. L'annonce du début du film m'a mis en confiance, et m'a fait baisser ma garde en pensant que seuls les sons seraient une source de désagrément pour moi. Et c'est dommage, car l'expérience désagréable du film a nuit à mon appréciation. Ceci dit, allez le voir, mais soyez prêt-es.