Sous le pont Mirabeau coulent les requins tueurs mutants

(1/10+1 parce qu'il fallait du courage - ou bien peu de foi dans le QI de ses spectateurs - pour donner le feu vert à un script aussi débile!)

Une prod Netflix de sharksploitation surfant sur les JO de Paris (mais bon ici, ce sera plutôt un "triathlon international", dont l'incroyable importance géopolitique semble justifier de maintenir un événement malgré déjà une dizaine de morts identifiés. On a les politiques qu'on mérite hein!)

ça débute vaguement en mode "Dents de la mer", plutôt sérieux donc. Mais le tout "jump the shark" très rapidement pour finir en apothéose sur des délires scientifiques et cinématographiques dignes d'un "Sharknado" (la fameuse "séquence des ponts" qui aura laissé tout le monde sans voix. Si on m'avait dit que la Seine était une telle pétaudière!).

Le réal en profite surtout pour nous gratifier d'un discours gentiment réac de derrière les fagots: les flics admirables et compétents et représentatifs de la diversité franchouillarde auront ainsi fort à faire face à des caricatures d'écolos extrémistes homosexuels (!) tendance suicidaires (et bien entendu aux cheveux teints en bleu, le petit détail qui fait toute la différence!) et des édiles parisiens forcément déconnectés/décérébrés parce qu'on a lu quelque part dans un article du Parisien que c'était le cas (mais le réalisateur ne semble pas vraiment faire de différence entre Valérie Pécresse et Anne Hidalgo - avec une pointe de la grande Rachida Dati!).

Au final, le débat esthétique le plus intéressant face à ce naveton magnifique (qui aura eu pour incroyable conséquence de faire passer brièvement "Piranha 3D", une de ses références évidentes, pour un film de Bergman!) est bien de savoir dans quelle mesure le naufrage était pensé, théorisé et organisé à l'avance. Soit on a affaire à la plus grande blague méta-horrifique à prendre au 1000e degré de ces dernières années, soit la nullité rampante (sur le plan esthétique et idéologique) des productions Netflix et leur cynisme face au "temps de cerveau disponible" de leurs clients atteint des proportions jamais égalées.

Pour vous donner mon avis entre ces 2 options, je finirai donc sur une citation bien connue de Michel Rocard: "Toujours privilégier la connerie au complot. La connerie est à la portée de tous, c'est donc assez largement répandu. Le complot nécessite beaucoup d'intelligence et d'organisation, c'est très rare."