Sous la Seine
3.8
Sous la Seine

Film de Xavier Gens (2024)

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Quel que soit le point de vue adopté "Sous la seine" a tout du film qui fera date.


Soit on le considère comme une parodie avec un côté Nanar assumé et une forme de doigt d'honneur à la politique Netflix et la démarche est savoureuse, soit c'est un filmé raté et dans ce cas il l'est dans des proportions assez peu communes.


Le projet de départ déjà (la présence d'un requin blanc en eau douce), et tout ce qui est développé par la suite a tout du pied de nez (voire même du doigt d'honneur) adressé à ceux qui pointent régulièrement les incohérences au cinéma, tant chaque situation, chaque personnage à sa manière échappe à toute logique même cinématographique.


La requine (car c'est une dame) après avoir mangé quelques crétins dans le pacifique nord a donc parcouru 12 000 km en trois ans pour hanter de nouveau les nuits de Sophia, une scientifique qui a assisté impuissante, depuis son bateau à la mort de son mari croqué dans une scène à la limite du fou rire tant les dialogues et les personnages masculins, sorte de kékés sans cervelle, sont grotesques.


La première heure est édifiante dans sa mise en place laborieuse et explicative de l'histoire et la présentation d'une galerie de personnages, hommage appuyé et (ironique ?) aux archétypes des personnages consensuels des prod Netflix et aux différentes communautés : Lgbt, Afros, du nord du sud, flics un peu trouillards, défenseurs de toutes les causes nobles... et évidemment politiques inféodés à l'affreux capitalisme triomphant (tant que c'est Netflix qui le dit), la palme revenant à la maire de Paris, déconnectée de la réalité, narcissique un peu idiote, sorte de croisement entre Pécresse et Hidalgo (quelques dents devraient grincer).


Certes, les scénaristes auraient pu nous faire grâce d'une bonne demi-heure de développement, mais la narration visuelle, l'économie de dialogues et d'exposition qu'elle permet semble avoir été rejetée à l'unanimité, il faut bien se mettre à la portée de tous; non ? Et puis, cette première partie sera pense t-on vite oubliée car le meilleur reste à venir...


Effectivement la dernière demi-heure nous offre de grands moments de sidération, ces instants magiques pour le spectateur où ce qu'il voit à l'écran le laisse bouche-bée, mâchoire pendante, le regard inexpressif, totalement incrédule face à ce qui se joue devant lui. Le championnat du monde de triathlon épreuve préparatoire à la tenue des J.O aura bien lieu malgré la menace dentée de la requine

qui en passant se reproduit toute seule et a donné naissance instantanément à des centaines de bébés croqueurs

et l'apothéose comique attendue, sera au rendez-vous : dialogues absurdes, situations incompréhensibles,

nageurs clonés numériquement s'agitant tels des pantins désarticulés, scènes improbables dans lesquelles de requins soudain jaillissant de l'eau croquent des personnages... en mordant à côté.. Mais c'est évidemment, la scène finale du tsunami provoqué par des obus qui nos héros tels des Hercule survitaminés résister à la vague et à la noyade qui de loin restera dans la mémoire de tous les cinéphiles

Au final, une question demeure :

Est-il moins douloureux d'être croqué par un requin en petit bassin (dans la seine) et sous les yeux de Xavier Gens ou en grand bassin (dans l'atlantique au large de l'ile de Martha's Vineyard) sous le regard malicieux de tonton Steven ?

Les dirigeants de Netflix doivent avoir leur petite idée sur la question. Ted Sarandos qui affirmait il y a peu que la taille de l'écran n'a pas d'importance quand on regarde un film doit désormais être convaincu que la taille de la piscine est importante lorsque l'on décide d'y plonger un requin...

Yoshii
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le 6 juin 2024

Modifiée

le 6 juin 2024

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Yoshii

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