Le 3ème degré, la nouvelle ère de l'humour

Je ne vais pas plus m'épancher que ce qu'on fait les (à l'époque de la rédaction de cette critique) 225 autres membres avant moi.

Mais il y a quelque chose que j'ai ressenti et que je n'ai pas lu, laissez-moi vous expliquer pourquoi je mets 8 à ce navet.

Hypothèse: les créateurs de ce film sont loin d'être idiots ni bleus en la matière.

En effet, Gens fait des films aux US, Béjo a plus que tourné dans moult films, on n'est pas sur des débutants de première heure (et j'y connais que dalle, donc si ces noms me parlent, c'est qu'ils doivent vraiment être connus).

Pourquoi diable donc avoir pondu un navet pareil? Les acteurs savaient que ça allait être nul. Ils savaient que ces plans merdiques, le fameux tour de (Bertrand de)canoë sur lui-même, la geekette asiatique qui dit "Yatta" et qui a les cheveux teint, l'électronique magique, la police Rambo mais qui donne des fringues aux SDF qui parlent comme molière et euh... Ah si les requins, ça allait être complètement foiré.

Alors en fait, ce n'est pas un film premier degré. Puisqu'ils savaient que ça allait être nul, ça ne peut pas être un film fait pour juste un "bon moment d'action" comme beaucoup de téléfilms qui n'ont que cette prétention. Il n'y a pas d'humour apparent non plus donc ce n'est pas non plus censé être comique au premier degré.

Ce n'est pas non plus du second degré. On n'est pas sur une critique sociale sérieuse: la police est extrêmement mal caricaturée, les activistes aussi, Paris aussi, les lois de la physique n'en parlons pas... Et idem, pas d'humour cynique ou sarcastique. Ce n'est pas ça non plus.

Mon avis est que le réalisateur et le scénariste sont des génies qui se tapent un délire sur le coin d'une table arrosé à la vodka et au beaujolais, un peu comme Peyo lorsqu'il a inventé les schtroumpfs. Ils se sont dit "hé, si on faisait, consciemment, un nanar?" Mais le tout sans que ce soit ouvertement débile comme un film de série Z comme Sharknado ou Iron Sky. Là ces films là sont faits pour être du divertissement débiles et drôle au premier degré. Là, les acteurs jouent comme s'ils devaient jouer sérieusement sans vraiment y croire et le scénario part en couille de plus en plus fort.

On a de plus en plus de détails qui font tiquer en avançant avec le film puis, à partir de la scène avec le banc de requins dans les égouts, ça part complètement en live mais avec cohérence. Et le suis persuadé que les créateurs du film, acteurs compris, ont fait exprès de le faire pour que le spectateur se demande à quel moment c'est juste n'importe quoi et donc que ça devienne de l'humour.

C'est donc, à mon avis, un film à regarder au troisième degré. C'est pas censé être drôle au premier abord (côté horrifique d'une attaque de requin), ni drôle au second degré (aucune critique ni sarcasme en vue), mais au troisième degré: de l'humour qui se moque des nanars en reprenant leurs codes et en faisant exprès d'en être un. Celui qui s'attend à de l'humour brut ou de l'horreur pure sera déçu, celui qui met une mauvaise note en disant que c'est un nanar est passé au dessus de l'objectif: celui justement de tout faire pour que ça soit un nanar et que décortiquer les codes au visionnage rende le film, finalement, drôle quand on en parle après avec ceux qui l'ont vu.