La qualité essentielle de Sous le ciel d’Alice réside dans son hybridité plastique et tonale : soucieuse de reconstituer non pas la réalité historique – aucunement reconstituable, de toute façon – mais la vision singulière formée puis transmise par sa grand-mère, la réalisatrice Chloé Mazlo se revendique de l’artifice comme autant de subterfuges à même de distancier le réel pour mieux le déconstruire et l’interroger. Nous ressentons ici l’influence de deux cinéastes, à savoir Wes Anderson et avant lui Éric Rohmer lorsqu’il composait L’Anglaise et le duc (2001) : la conception de miniatures, la projection de comédiens véritables dans des décors factices que le numérique habille, l’omniprésence de la musique qui rythme l’ensemble représentent sur le plan cinématographique la rencontre entre une étrangère (suisse) et un pays, redoublée alors par celle de des différents genres littéraires que sont le roman d’une vie et d’une époque, le théâtre et ses nombreuses mises en abyme – n’oublions pas le choix comme acteur principal du dramaturge Wajdi Mouawad –, la poésie puisque les dialogues témoignent d’une attention portée aux mots et à leur sonorité, le discours épistolaire enfin au vu des nombreuses lettres rédigées et lues. Une telle fraîcheur intégrée à ce récit d’apprentissage est d’autant plus appréciable qu’elle renouvelle à sa manière notre regard sur la guerre comme le ferait un conte à destination des enfants et des adultes en charge de sa transmission. Talent à suivre !

Créée

le 15 oct. 2024

Critique lue 8 fois

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Sous le ciel d'Alice

Sous le ciel d'Alice
Cinephile-doux
6

Feu le pays de cocagne

Durant toute son enfance, Chloé Mazlo a beaucoup entendu parler du Liban dans sa famille, tel qu'il était avant la guerre civile qui a débuté au milieu des années 70. Un pays de cocagne synonyme de...

le 17 oct. 2020

7 j'aime

2

Sous le ciel d'Alice
Cultural_Mind
7

Générosité et poésie

La teneur douce-amère de Sous le ciel d’Alice transparaît d’autant plus clairement quand on effeuille le film de Chloé Mazlo. Dans un premier temps, la Suissesse Alice se voit gratifiée de plusieurs...

le 17 déc. 2021

6 j'aime

1

Sous le ciel d'Alice
horsdelouis
6

Quel dommage !

Quel dommage de proposer vingt minutes de poésie, très osée et parfaitement maîtrisée, de nous introduire dans ce Liban parallèle, de nous faire découvrir cette famille extraordinairement mise en...

le 3 juil. 2021

6 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14