Les images sont léchées mais elles le sont pour pas grand chose. Le docu est très bien réalisé, super musique, belles images, super casting mais ça suffit pas à faire un bon documentaire.
Il y a ici une personne, Manu le malin, et le projet de présenter la vie qui se cache derrière les platines et la musique. Le défi est pas du tout relevé. On n'apprend rien sur la vie personnelle du mec. Mais plus important que ça : la force d'un docu ça peut être de rendre une sensation du réel par l'artifice image-son alors qu'ici on a l'exact inverse : on alterne entre des moments intimes plus sensible qui sont très artificiels et où on ressent pas la sensibilité de Manu le malin et des moments pleins d'hypocrisie sur le "CV" digne d'une page wiki de l'artiste (alors il a collaboré avec l'artiste machin, il a tenté d'aller vers le rock, il a fait sa traversée du désert, il bifurque vers la techno). Dans le premier cas les moments intimes le réalisateur veut rendre un côté "dark" avec des stéréotypes, c'est raté, dans le second cas des interviews creux où chaque mec fait sa promo et se contente de dire que Manu est "un chef/un boss/un maître" et qu'il se distingue par son aspect torturé. C'est réussi seulement quand ya une certaine authenticité dans ce qui est montré (bande son, images où les gens ne jouent pas devant la caméra). Un autre problème il me semble c'est la difficulté à dépasser l'opacité propre au milieu underground évoqué, les gens continuent de se dissimuler.
Après ya l'aspect politique qu'est aberrant. L'espèce de rentier de merde qui se pavane et les organisateurs de festival qui se vantent d'avoir été les acteurs de la récupération de la rave par le capital. Aucune profondeur dans le discours sur la signification de la culture électronique et des raves. La fierté habituelle du vieux con, mais comme souvent dans la musique aucune réflexivité sur pourquoi c'est arrivé et où ça va. Bon tfaçon c'est pas ce qu'on attend du docu, on s'en serait foutu si le taf était réussi sur Manu le malin