Escortant Rampling presque seule en scène, Ozon raconte un crépuscule vécu à fond, de tout son être, combattu de la même façon. Une certaine vacuité confortable, dans son bunker et le Paris triste. Une angoisse qui arrive et que la neurasthénie organisée s'applique à étouffer. Et, plus trivial et certain que l'horreur ; la tragédie qui consiste à voir sa vie balayée par morceaux ; et soi-même réduit à son corps, aux lambeaux de son rôle social, aux choses du quotidien qui figent tout ; c'est-à-dire au néant. Comme si la date de péremption était passée et que l'heure où la vie perdait son éclat, et nous le ressenti d'une connexion naturelle à cette vie, qui file devant nous sans générer ni la peur ni l'envie, arrivait maintenant.
Aussi lorsque son amie (qu'elle voit rarement – sa vie est solitaire) l'incite à ''tourner la page'' ; elle ne comprend pas que pour Charlotte Rampling, il n'y a pas de page et surtout il n'y a pas d'autre livre. Elle est seule à palper le vide, évanouie dans son intimité.
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Le quatrième film de François Ozon est plus serein et posé que ce qu'il a pu produire, surtout auparavant, se rapprochant de son ultérieur Le Temps qui reste ; un autre drame à l'intensité froide sur le deuil. Toujours un deuil existentiel, avec ce sentiment profond de connivence envers la mort et le calme offert par l'idée que tout désormais est réglé ici-bas. Que le meilleur ne pourra plus se dérouler qu'à l'intérieur – Melvil Poupaud lui honorera sa place au monde, mais Rampling est déjà partie très loin.
https://zogarok.wordpress.com/2015/01/31/sous-le-sable/