Lorsque Georges Bernanos publie Sous le soleil de Satan en 1926, il s'inscrit dans le mouvement des auteurs à la foi chrétienne ardente parce qu'ils étaient bouleversés par le début du XXe siècle: Mauriac, Claudel et Péguy l'accompagnent.


Cependant, la littérature de Bernanos est particulière: le décor artésien, dur et immobile et une invitation à la franchise. Tout le monde est à visage découvert dans les romans de Bernanos, même le diable. Dans la dureté des scènes représentées, dans l'extrême des passions décrites avec puissance par un auteur au moins aussi passionné que ses personnages, tout incline à exprimer la lutte du Bien contre le mal. Et au milieu de tout ça, Donissan fait figure d' "athlète de la grâce". Figure du curé d'Ars, il illumine véritablement le roman autrement très noir de sa patience et de son âme toute entière dévouée à Dieu. On croirait, finalement, que Sous le soleil de Satan est une réussite parce qu'il exprime la personnalité de Bernanos : Un chrétien passionné, brûlant, convaincu de la victoire finale de la Grâce et terrorisé par le mal et particulièrement par le mal des ignorants: Un crime, Le journal d'un curé de campagne, L'imposture et la joie en témoignent.


Pourtant, les deux athées les plus athées du cinéma ont osé l'adapter: Maurice Pialat et Gérard Depardieu. Et c'est une réussite splendide.


L'humilité et la tendresse de tous les personnages, la bonté évidente de Pialat lui-même en abbé Menou-Segret, tout concourt à la réussite totale qu'est ce film. La beauté magnifique de la réalisation, la photographie absolument sublime et la candeur, même dans le mal, des acteurs est évidente. Sandrine Bonnaire est également saisissante, touchante et touchée en Mouchette. En somme, la beauté de Sous le soleil de Satan ne tenait pas seulement à la foi de Bernanos, quelque chose de plus universel sommeille dans cette oeuvre, et cette adaptation lui rend parfaitement hommage.


L'horreur n'est jamais définitive dans ce film. Malraux disait que Bernanos, c'était du Barbey mais en diablement mieux et, en effet, il y a quelque chose de diabolique dans tout le film. Toutefois, la Grâce est partout. L'on croirait presque lire, parfois, du saint Augustin...


Une splendeur en clair-obscur !

Hlesueur
8
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le 3 sept. 2023

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HUGO LESUEUR

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