Je ne sais pas pourquoi j'ai aimé.
Si sombre, si rugueux, si aride, si complexe, si bizarre...
Et pourtant cela m'a plu. Je ne saurais trop l'expliquer car de ce film je n'ai en quelques sortes rien compris. Les dialogues sont si littéraires et référencés que c'en est quasi incompréhensible. Mais c'est pourtant ce qui fait leur beauté. Le film est magnifique à écouter. Récité par des acteurs aux accents théâtraux, les dialogues pourtant sibyllins éclatent dans toute leur vérité littéraire. Pialat fait renaître la force du mot par ces longs monologues qui instaurent petit à petit leur ambiance mystique, désespérée et noire. On ressort bercé par cette langue comme étrangère mais aux intonations si hypnotiques.
On pourrait en rester à ce constat. Mais le film n'est pas beau qu'à écouter.
Si les paroles nous échappent totalement, s'en dégage un sens du mot si puissant que le réalisateur donne à voir par l'image. Son sens magistral du cadre et de la lumière fait naître en nous une véritable fascination morbide, une hypnose dérangeante et glauque qui laisse coi.
Le vocabulaire de Bernanos transparaît dans l'image et les décors, si minimalistes mais si précis.
C'est donc un film à découvrir tant pour le sens de l'image que pour la beauté des textes sublimés par de grands acteurs, que pour son ambiance poisseuse qui outrepasse habilement l'incompréhension plus ou moins totale qui accompagne le visionnage pour coller à la peau et fasciner.