Un très joli nom, inspiré de la dernière chanson de Jacques Brel, pour ce film plein de poésie sur le sujet universel, sensible et délicat des relations Père-Fille.

Pierre Godeau (Juliette, Eperdument), nous offre ici son quatrième long-métrage, émouvant et sincère, inspiré des relations avec son propre père, Philippe Godeau, grand distributeur et producteur de cinéma, happé par sa vie professionnelle.

L'originalité et la force du scénario sont le mimétisme et l'allégorie créés entre la vie du comédien Alain Marquand (incarné avec émotion et finesse par le célèbre acteur belge multi-facettes François Damiens), et le personnage qu'il s'apprête à jouer dans un biopic sur la fin de la vie de Jacques Brel : partant en 1974 faire au tour du Monde à la voile avec sa fille France, il devra cependant s'arrêter et s'installer aux îles Marquises à cause de la maladie. Dommage que dans une scène inaugurale du film, dans ce biopic, François Damiens méconnaissable avec une perruque, ressemble davantage à Jacques Dutronc qu'à Jacques Brel.

Lui-même atteint par un cancer, Alain Marquand décide brutalement de quitter le tournage et d'aller retrouver sa fille Lou en Bretagne, incarnée par Salomé Dewaels, jeune actrice belge de 26 ans déjà connue (Illusions Perdues récemment). Cette comédienne au regard bleu intense, interprète avec habileté le caractère effronté, sûre d'elle et mature de cette jeune femme déjà pleine de projets, si étonnée de revoir son père qui l'a abandonnée au profit de sa carrière. Mais elle sait aussi exprimer toute sa tendresse quand elle comprend qu'il est venu pour elle et qu'il est grand temps d'en profiter pour installer cette relation si difficile qu'ils vivent finalement comme un cadeau.

Voyageant entre le Morbihan et Bruxelles dans la DS du tournage, renvoyant ainsi à Jacques Brel, Alain et Lou ont des dialogues nombreux, savoureux mais aussi sérieux et de vérité. Ces échanges sont ponctués de scènes imaginées aux Marquises, que devait tourner Alain, et qui montre Jacques Brel et sa fille, mais joués par les vrais personnages du film de Pierre Godeau.

De ce fait, réalité et fiction sont assez confusants au début, mais on comprend vite que c'est la façon idéale dont Lou se représente la vie avec son père et cela ne manque pas de beauté, pour créer une complicité qui a tant fait défaut.

En synthèse, malgré quelques imperfections, ce film n'est pas dénué d'intérêt grâce à deux acteurs principaux très bien assortis et crédibles dans cette relation Père-Fille.

Un assez joli moment de cinéma à voler à nos quotidiens sous le Vent de bien-être qu'il procure, malgré les moments difficiles de la maladie.

Et comme le dit si bien la fin de la dernière chanson de Jacques Brel :

Veux tu que je te dise

Gémir n'est pas de mise

Aux Marquises !

On en sort détendu et optimiste sur les relations humaines. 6,5/10 Cœur

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le 11 févr. 2024

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Azur-Uno

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