Le documentariste Claus Drexel revient près de quinze ans après la comédie policière « Affaire de famille » avec un film aux intentions louables. En effet, il nous propose de suivre la vie d’une sexagénaire sans domicile fixe durant l’hiver à Paris tandis qu’un enfant sans-papier va s’obstiner à la suivre. Tous deux vont se mettre en quête de la mère en voie d’expulsion du second. Le scénario de « Sous les étoiles de Paris » se sépare donc narrativement en deux voies. D’un côté un récit humaniste proche du conte de Noël et de l’autre un drame social sur la condition des sans-papiers. Et si le mélange des deux se fait de manière assez fluide à l’écran, passant de l’errance dans le Paris méconnu des itinérants à une immersion dans les conditions de vie des sans-papiers, les deux sujets sont peut-être trop forts et importants pour un petit film d’à peine une heure et demie qui manque un peu de liant et d’ambition.
La première partie est d’ailleurs inférieure à la seconde. Le long-métrage est un peu long à démarrer et l’allumage ne se fait que progressivement au bout d’une vingtaine de minutes. Les scènes qui voient Catherine Frot survivre dans Paris sont un peu répétitives et confirment le passé documentaire du réalisateur. Sur le sujet rare des conditions de vie de ces gens qu’on ne voit pas, « Versailles » de Pierre Schoendorfer, sur un ton plus naturaliste, était plus instructif. De plus, il y a quelques essais de scènes oniriques mal négociés et dispensables. L’évolution psychologique des deux personnages et de leur relation est également un peu brusque. On ne saisit pas pourquoi celui de Catherine Frot se décide soudain à aider le petit garçon et s’y attache si rapidement. De plus, leurs passés respectifs restent quelque peu opaques. On aurait aimé en savoir plus sur comment elle passe de grande chercheuse à sans domicile fixe. Le script semble trop léger et survoler aussi bien ses thématiques que ses protagonistes.
La seconde moitié est plus prenante et on suit avec plus d’intérêt la recherche de la maman de cet enfant. On finit tout de même par s’attacher à ses personnages et par deux ou trois fois, l’émotion pointe le bout de son nez sans forcer et nous touche. Lorsque les personnages se perdent, se retrouvent ou se quittent on est émus par l’humanité qui se dégage de leur relation. « Sous les étoiles de Paris » évite en outre le misérabilisme excessif (pas facile sur un tel sujet) et le manichéisme tentant (la scène avec les policiers). Très court, pas toujours habile, pas assez fouillé sur la psychologie et manquant de clés de compréhension, ce film n’en demeure pas moins pétri de bonnes intentions et dominé par une Catherine Frot qui prend des risques sans démériter mais sans surprendre non plus.
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