Démarrant (et se concluant) par un extraordinaire travelling en plan-séquence, Sous les toits de Paris est l'un des tout premiers films parlants français. Il raconte comment l'amitié entre deux homme va être perturbée via l'amour qu'ils portent à une jeune romaine, le tout dans un Paris festif, où l'on chante beaucoup.
D'ailleurs, la chanson-titre revient très souvent, comme pour montrer que la vie se trouve dans la rue, avec ces gens qui font la fête, qui s'aiment, se rencontrent, et c'est tout là l'esprit du film, que j'ai trouvé vraiment réjouissant.
Le film est une grosse avancée technique, de par déjà ses deux plans-séquences, au début et à la fin, qui nous emmène des toits de Paris au sol, jusqu'au palier d'une jeune femme (puis de manière inversée à la conclusion). Je ne sais pas si le fait que le film soit (partiellement) parlant a été une contrainte imposée à René Clair, mais par ces superbes mouvements de caméra, il montre déjà une grande maitrise technique. Plusieurs scènes restent muettes, comme pour montrer qu'il n'y a pas besoin de parler (fort) pour se faire entendre.
Quant aux acteurs, je suis surpris par Albert Préjean, qui préfigure beaucoup le futur Jean Gabin à la fin des années 30 ; une gueule, une présence, un caractère. A côté, son pote joué par Gaston Modot a un peu moins d'envergure, mais il sait faire montre d'une certaine émotions lors de ses scènes avec la jeune actrice Pola Illéry, actrice roumaine.
Le cinéma est souvent une porte d'entrée sur ce qu'a été telle ou telle époque, et c'est d'autant plus vrai ici, avec ses rencontres dans des bals (l'équivalent des boites de nuit ?), des chansons à la Maurice Chevallier, les hommes qui se couvraient d'un chapeau et les femmes vêtues de la tête au pied, ce qui donne au film une belle élégance, en plus de proposer une jolie histoire sur fond d'amitié bafouée.