Lorsqu’un phénomène de mode apparaît, il est fascinant d’observer comment il se développe. Il y a en général une œuvre séminale, qui n’entre pas vraiment en ligne de compte, ayant simplement posée les bases, et c’est quelques temps plus tard qu’intervient LE film qui va définitivement l’imposer.
Dès lors la mode prend deux directions. La première est l’apparition de petites productions qui n’auraient sans doute pas vu le jour sans l’œuvre qui a lancé le mouvement, mais qui est faite avec le cœur, et une volonté de bien faire. La seconde est la pure production d’exploitation, dans le mauvais sens du terme. C’est malheureusement le cas de ‘’South Central’’.
Dans son titre même le film de Steve Anderson suinte l’opportunisme. South Central est une partie du sud de Los Angeles, englobant également une partie de la ville d’Inglewood. Une zone de si mauvaise réputation qu’en 2003 son nom a été changé en (juste) South Los Angeles, pour gommer la sale réputation que se trainait cet endroit où la délinquance connus les plus hauts taux des États-Unis.
Nommer son film ‘’South Central’’ c’est ainsi faire référence à toute la réputation que se traine cette zone. C’est mal famé, rongé par la criminalité, gangréné par les gangs, là où trainent les laissées pour compte de l’American Dream : c’est des plus négatif. ‘’Boyz n the Hood’’ en 1991 évitait subtilement l’association aux quartiers de South Central, par l’appellation de ‘’Hood’’. Une dénomination plus chaleureuse, évoquant le total opposé de ‘’South Central’’.
Servit par des comédiens les moins convainquant possible, l’œuvre de Steve Anderson est poussive et manque d’un naturel flagrant. Tout y est forcé, tordant les conventions du ‘’Hood Film’’ comme pas possible pour les faire entrer dans les carcans d’un récit banale, auquel il est difficile de croire tellement les personnages sont stéréotypés et manquent d’authenticité.
C’est ici une leçon de tout ce que l’exploitation d’un genre peut faire de travers, empilant sans réelle connaissance de cause les poncifs dans le but de surfer sur une image populaire. Suintant l’opportuniste (je l’ai déjà dit) de partout, le film propose une histoire en elle-même des plus convenues : Un repris de justice est pincé pour meurtre, avec garanti de passer au moins 10 ans derrière les barreaux, et de ne pas voir son fils grandir. Une décennie se passe, Bobby est complétement repenti, la vie de gang est derrière lui, sauf que son fils de 10 ans sert de sous fifre au leader du gang local, son ancien ‘’poto’’.
Se joue alors un drame familial, entre le père repenti, que Glen Plummer interprète sans aucune nuance ni conviction, manquant cruellement d’âme, et son fils, que le jeune Christian Coleman n’interprète pas, il interprète le stéréotype. Celui inhérent à ce genre de personnage de jeune rebelle sans saveur. Agissant sans cesse contre son père, contre la logique, comme la convention toute pétée qu’il est.
Le gros problème de ‘’South Central’’ n’est pas tant que ce soit une œuvre d’exploitation opportuniste, ça il y en a d’autres, et dans le tas il y en a même des biens, c’est que c’est dirigé avec les pieds. À aucun moment le film n’offre un vrai souffle, une vraie empathie pour ses protagonistes. Ce qui fait qu’en tant que spectateurice, ben on s’ennuie gentiment, avant de réaliser qu’on perd un peu son temps, avant d’en avoir ras le bol, et d’être bien content lorsque le générique de fin nous délivre.
Bon, je ne vais pas m’attarder davantage sur cette production pourtant estampillé Oliver Stone, ce qui en 1992 était plutôt un gage de qualité. Mais il semble important d’aborder des œuvres qui se plantent royalement, en pensant qu’enchainer tous les poncifs d’un genre permet de faire un bon film. Ce n’est pas le cas. Derrière la caméra il faut un minimum d’implication, et surtout un metteur en scène qui offre son cœur à l’ouvrage. C’est Ici ce qui manque cruellement : du cœur.
-Stork._