Le film souffre d'un déséquilibre causé par un mélange de genre hasardeux: romance mélodramatique saupoudrés de mièvreries, sur un fond de polar classique (voire emprunté, ici l'imbroglio n'est pas sans rappeler l'ambiance des histoires apparemment confuses des frêres Coen) mais efficace notamment pour sa noirceur/brutalité inattendue et malheureusement éclipsé par le traitement maladroit et envahissant de la dimension plus humaine du récit.
L'idée n'est en soi pas mauvaise du tout, l'acting est honorable, mais finalement le versant psychologique manque de profondeur, plus mélo que drama, tenant plus de la légèreté de la comédie romantique que de l'histoire d'amour viscérale et s'égare souvent dans de longues séquences de dialogues plutôt vains ou de moments un peu niais, cela tranche radicalement avec l'autre versant du film, la tension retombe brutalement et on a l'impression d'avoir changé de bobine en cours de route. Il en résulte qu'on ne parvient pas à s'attacher à ce couple qui ne semble jamais réellement en danger, ou affecté par leur échéance de séparation inéluctable.
En fait les 2 segments n'ont quasiment aucun liens autres que ceux tenant à la mécanique du récit et cette séparation trop franche ne permet pas au film d'être homogène et donc de produire une atmosphère. Le personnage d'Evangeline Lily, représentant la dimension plus humaine du récit, se réduit à une sorte d'image passive et souriante de la résignation/résilience. C'est peu, là où son statut de condamné face à une adversité nouvelle aurait pu laisser imaginer bien d'autres choses, à commencer par de meilleurs dialogues.
On retrouve tout de même avec plaisir Shea Whigham, du moins le temps de son passage.
Le film n'est pas mauvais du tout mais il n'est donc pas équilibré et même en faisant abstraction de ce problème son manque d'originalité le réserve tout de même à des amateur de polar en manque.