Dernier film en date du Studio Ghibli, qui perd plus ou moins ses deux illustres doyens au même titre que la féérie qui entourait alors le studio. Après le pas très folichon Arrietty, Hiromasa Yonebayashi revient donc proposer l'adaptation d'un roman inédit en France, "When Marnie Was There" de Joan G. Robinson, où une ado solitaire se lie d'amitié avec une étrange fille recluse dans une somptueuse villa éloignée dans les marais.
Toujours empreint de fantastique, le studio s'est depuis un moment déjà concentré sur des œuvres plus terre-à-terre, devenant une source de longs-métrages sur des romances adolescentes maintes fois vues dans les shōjos. Le réel souci tient dans le fait que ce type de films ne sortent pas du lot, des auteurs comme Makoto Shinkai ou Mamoru Hosoda en ayant fait leur marque de fabrique. Ghibli ne se démarque ainsi plus vraiment, proposant des histoires sympathiques à défaut d'être mémorables. C'est encore une fois le cas pour ce Souvenirs de Marnie bien loin des chefs-d’œuvre qu'a pu présenter le célèbre studio.
Film sur l'amitié presque homosexuelle entre deux adolescentes solitaires, le nouveau film de Yonebayashi manque cruellement d'énergie, de poésie, d'imagerie forte pour impressionner. On soulignera comme d'habitude une animation haut de gamme et de jolis moments tout au plus attendrissants mais aucune scène ne viendra concrètement titiller les glandes lacrymales, provoquer un rictus ou nous émerveiller les mirettes. Entre une introduction interminable, un sérieux manque de profondeur quant aux personnages secondaires et une totale absence de décor (dans son ensemble), Marnie semble être un projet mineur en dépit de son histoire pour le moins intéressante.
Malheureusement prévisible et inutilement larmoyant (au sens propre), le scénario peine à proposer quelque chose de vraiment inédit, de puissant, d'attractif, illustre production ou pas. La faute peut-être à la mise en scène de Yonebayashi, lente et sans panache, peu aidée par la musique adéquate mais oubliable du nouveau venu Takatsugu Muramatsu (qui signe ici sa première soundtrack d'un animé). Dans tous les cas, Souvenirs de Marnie reste une amère déception, une autre, de la part d'un studio qui savait autrefois tirer son épingle du lot grâce à des histoires d'évasion totale et une sélection de réalisateurs talentueux.