Souvenirs de Marnie par cloneweb
On ne sait pas encore ce qui se passera au sein du Studio Ghibli dans les prochaines années. Hayao Miyazaki a annoncé son départ mais continue à aller au studio, à travailler sur un manga et peut-être sur du court métrage. Le studio a donc été restructuré et son équipe d’animateurs démantelée. La firme continuera sûrement à faire des choses mais peut-être sous un format différent, à l’image de la co-production de la série mollassonne Sanzoku no Musume Rōnya.
De fait, Omoide no Marnie (思い出のマーニー) est sans doute le dernier film du studio tel que nous le connaissons. Une très belle œuvre pour marquer la fin d’un cycle.
Adapté du roman de Joan G. Robinson, Souvenirs de Marnie raconte l’histoire d’Anna, une jeune fille qui n’a pas d’amis. Asthmatique, elle quitte le foyer de sa mère adoptive pour se rendre chez des proches, au bord de la mer, loin de la pollution urbaine. Se promenant aux abords de la petite ville, elle va faire la connaissance de Marnie, qui habite dans l’étrange maison de l’autre coté d’une lagune. Mais petit à petit, le doute va s’installer ? Marnie est-elle réelle ?
La question est posée dès l’ouverture du film puisque différents personnages évoquent la présence de fantômes. Dès lors, la réponse ne fait aucun doute : Marnie n’est pas une jeune fille humaine dont on peut facilement se lier d’amitié avec, comme avec n’importe qui d’autre. Toute la question sera donc de savoir qui elle est réellement. Les éléments de réponse seront distillés au cours d’un film particulièrement lent et mélancolique. Non content de nous offrir de sublimes décors, Hiromasa Yonebayashi prend largement le temps de poser ses personnages et son ambiance à la limite du contemplatif, du moins dans la première partie. Il faut dire qu’Anna est une jeune fille bien seule, et que l’ambiance de son quotidien se ressent dans le rythme du film.
Comme on peut s’en douter, Marnie est également une jeune fille solitaire et les deux vont se trouver. Leur univers et leur personnalité sont bien différents, l’une étant une jeune fille adoptée d’un milieu modeste et l’autre élevée dans une maison bourgeoise par des servantes pas très gentilles quand les parents ne sont pas là. Elles vont s’épanouir ensemble, grandir ensemble et se révéler l’une à l’autre à travers de nombreux moments très touchants. On ne peut que se sentir frappé au cœur par la grâce des deux personnages.
L’animation y est aussi soignée que la bande originale. Yonebayashi a transposé avec beaucoup de soin l’histoire du roman du Norfolk anglais au Japon. Souvenirs de Marnie est sans doute l’un des Ghibli les plus contemporains, totalement marqué par son époque (on y voit un smartphone !) alors que la plupart des réalisations du studio ont un coté intemporel. Pour autant, le réalisateur n’y oublie pas les traditions de son pays. Pas plus qu’il n’oublie l’émotion. Une fois que l’on commence à comprendre qui est réellement Marnie, on ne peut que se sentir embarqué, emporté par une vague d’émotions car toute la puissance du film se trouve dans la relation qui unit les deux héroïnes. On en dira pas d’avantage pour ne pas spoiler mais il est difficile de retenir ses larmes une fois le générique à l’écran.
Une chose est sûre : si l’aventure du Studio Ghibli devait s’arrêter sur le trio Le Vent Se Lève / Le Conte de la Princesse Kaguya / Souvenirs de Marnie, ce serait un joli final. Et si elle doit continuer, nul doute que ce sera sur la lancée et avec les qualités de ces trois ultimes long-métrages.
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