ATTENTION SPOILERS
Souvenirs de Marnie est un véritable chant du cygne à l'heure où la question de l'avenir plus qu'incertain de Ghibli reste posée. Il n'est d'ailleurs pas impossible d'y voir l'expression de la nostalgie du passé doré du studio, comme le laissent penser les sentiments irriguant les fêtes organisées dans le château du marais, tout droit sorties d'un temps lointain et désuet. C'est aussi une évocation de son futur immédiat, à l'heure où ses parents, Hayao Miyazaki et Isao Takahata, tirent leur révérence.
L'absence du père et de la mère est d'ailleurs au centre de cette touchante histoire d'amour et d'amitié entre deux enfants, où l'une est l'exacte opposée de la personnalité de l'autre, alors même que le trauma qu'elles ont subi (l'absence justement) est étrangement similaire. Souvenirs de Marnie est d'une mélancolie rare, traversé d'image et de symboles puissants assez sombres. Mais le coeur du spectateur est malgré tout emporté, que ce soit à l'occasion d'une danse enfantine, d'une étreinte , de larmes partagées ou d'un pardon imploré. Sentiments brouillés, exagérés, exacerbés dans leur ressenti par l'âge des deux petites héroïnes, ainsi que par le fait qu'elles aient grandi trop vite, privées des repères familiaux indispensables au développement d'une enfant. N'est ce pas, finalement, de manière inconsciente, ce qu'éprouvent Goro Myazaki et Hiromasa Yonebayashi, nouvelle garde de l'animation japonaise made in Ghibli, privée de l'illustre tutelle ?
Coup de coeur instantané, Souvenirs de Marnie cueille son spectateur par surprise par les sentiments qu'il lui fait ressentir, en totale communion avec ce que les héroïnes enfantines éprouvent, émotions que l'on a tous partagé dans notre vie, jusqu'à ce qu'une larme fugitive coule, chaude et émouvante, dans des adieux déchirants.