Ce qui m'a le plus marqué dans ce long-métrage, c'est son côté simple, mais qui n'est pas pour autant ennuyeux. Le traitement des personnages est assez réaliste, notamment son héroïne. Taeko est affable, dynamique et joviale, mais malgré ce sourire qui lui fait des fossettes et des rides pas possibles, elle se pose plein de questions.
Autrefois, elle était une enfant enthousiaste, curieuse, mais aussi distraite et capricieuse qui se disputait avec ses sœurs. Désormais adulte, elle se cherche, d'où la remontée des souvenirs à une époque qui était plus simple mais qui a aussi été celle de premières expériences : l'ananas, les vacances en province, les premiers émois amoureux, la découverte des règles... Cette alternance entre ce qui est plus mémorable et ce qui est plus banal donne de l'humanité au récit et nous permet à nous spectateurs de mieux la comprendre. Au fur et à mesure que les souvenirs refont surface, couplés au quotidien d’adulte de Taeko, on comprend où le film veut en venir. De manière tranquille, touchante et réaliste, il nous montre son personnage principal trouver sa voie, révéler sa véritable nature sans prendre en compte le qu’en dira-t-on tout en faisant la part des choses.
Pour ce faire, elle est aidée des provinciaux, plus particulièrement de Toshio. Ils ont une bonne alchimie et l’intrigue amoureuse est toute en finesse. Ils sont complices et peuvent parler de tout. De plus, comme les deux personnages sont attachants et partagent certains traits de caractère, l’attirance qu’ils éprouvent l’un envers l’autre est donc compréhensible et plaisante à regarder.
Et ce plaisir va de pair avec celui que nous avons à observer cette campagne, avec ses traditions, sa philosophie de vie et ce qu’elle a à offrir. Taeko a une affinité naturelle avec ce milieu, mais qui devait être développée au travers du vécu. C’est d’ailleurs le premier souvenir qui nous est montré, une enfant souhaitant désespérément aller à la campagne pour ses vacances. Mais si alors, c’était pour faire comme ses camarades, à l’âge adulte, son choix sera personnel. Et à l’annonce de ce choix de vacances inhabituel pour une jeune femme, ses collègues et sa famille, groupes sociaux très importants dans la culture japonaise, ne se gêneront pas pour exprimer leur surprise et leur incompréhension.
Cet avis sera contrebalancé par celui des villageois qui ont accueilli et initié Taeko à leur mode de vie. Ils sont plus directs, peut-être même trop, mais restent tout de même réalistes et l’invitent à revenir en hiver, afin qu’elle puisse pleinement apprécier, dans tous les sens du terme, la vie à la campagne. La question est abordée de manière abrupte et surprend l’intéressée, comme un cri du cœur. Car au moment où on lui en parle, ce milieu a déjà conquis le sien. Et malgré les contre-arguments, tout à fait légitimes, opposés, la fin coule de source: Taeko sait ce qu’il lui faut.