Lorsque j'eus vu Soy Cuba, je me suis soudainement posé la question : depuis quand n'ai-je pas lu de poème? Car il s'agit ici bien de cela : une ode, un poème, un chant lyrique en images. Bien entendu, le ton est propagandiste, mais de ce même engagement, presque pur, que l'on peut trouver chez Hugo, Eluard, Ferré, chez Picasso dans Guernica; ou encore Chaplin dans le Dictateur. Ici, on peut entendre un opéra en stéréophonie : d'un côté, vous entendrez la prière d'un homme qui plaide pour la fraternité des peuples ; de l'autre, le même homme, l'artiste épris d'esthétisme et d'estime de son art, clamer son manifeste de cinéma et son amour des prodigieux plan-séquence.