Je n'ai pas été convaincue par le rythme. Qu'il s'agisse du découpage des différents chapitres de l'histoire de Nero - qu'on ne s'y trompe pas, les ellipses étaient les bienvenues, mais c'est l'équilibre entre les parties qui m'a paru bancal, tout est d'abord très lent, ensuite paf on change ça fait une accélération mais elle retombe vite pour s'embourber de nouveau etc. ça créée un effet certes, mais il m'a semblé appuyé, déjà-vu, facile quoi, qui n'apporte rien - ou bien de la lenteur générale des scènes qui s'attardent sur des éléments et des moments qui frisent le cliché du film d'auteur (allemand ?) où l'on laisse la caméra s'endormir sur l'insignifiance d'une conversation, d'un geste, d'un paysage jusqu'à en avoir ras-le-bol (de temps en temps je veux bien, mais systématiquement ?!). Il y a des moments-clés, bien sûr, où ça marche bien, comme la traversée de la frontière. Mais pour quasiment tout le reste, ça m'a paru surfait - davantage de l'ordre de l'exercice de style que d'un choix pertinent pour mettre en valeur tel ou tel élément du personnage / de l'intrigue. Bref, si je continue à m'égarer dans les considérations stylistiques (parce que le fond était très intéressant et méritait bien un film, mais pas aussi... chiant ?), il faut dire que j'ai quand même été éblouie par les jeux de lumière, surtout cette scène où, soldat, on le voit en contrejour, baignant dans le doré d'une aube qui n'aura pas de fin. Très joli. Par contre la bande originale est vraiment pas exceptionnelle.
En résumé le sujet est captivant et les acteurs le portent très bien, mais la réalisation, malgré tous ses artifices (ou plutôt à cause) manque de délicatesse et de subtilité. Peut-être qu'une série de photos aurait mieux servi le propos. Qui sait...