Réalisé quelques mois avant la sortie de la série du même nom (marre d'écrire "éponyme"), et bénéficiant d'un budget relativement élevé pour l'époque, Cobra, le film m'a d'abord surpris par ses qualités graphiques et d'animation largement supérieures à celle-ci...
C'est d'ailleurs un peu comme si deux projets très différents autour du même héros avaient vu le jour en même temps, avec des réalisateurs différents - ici le duo Osamu Dezaki et Akio Sugino. Et si le film anticipe les épisodes de la série correspondant à l'homme de verre et aux trois jumelles, les différences s'avèrent plutôt nombreuses : pas d'histoire de papillon dans le dos, l'homme de verre n'est pas vraiment en verre et s'appelle Lord Nécron (le seigneur de la mort), Cobra ne retire pas sa prothèse de bras gauche pour tirer son rayon delta, les pirates de l'espace cèdent la place à la tyrannique confrérie galactique, la musique oscille entre techno pour les scènes d'action et psychédélisme pour celles plus contemplatives, mais c'est surtout l'histoire qui n'a rien à voir.
Tout commence donc par la décapitation d'un moine par la chasseuse de primes - et donc de têtes - aux cheveux bleus, Jane Flower (blonde dans la série). Cobra déboule et la poursuit sur son scooter de l'air. Elle tombe amoureuse. Et c'est seulement après 5 minutes de cette introduction (oh que vous êtes vicieux chers lecteurs !) qu'arrive enfin le générique, absolument sublime et porté par une zic pour le moins étonnante. Et c'est ça que j'ai le plus aimé : de nombreuses séquences oniriques jalonnent l'intrigue avec bonheur, poésie, psychédélisme et bombasses dénudées, tandis que le rythme hyper élevé des scènes d'action (plus rares que dans la série) empêchera le moindre décrochage. Jane donc, devra sauver et réunir ses deux soeurs jumelles afin de ne faire plus qu'une et devenir reine de leur planète natale, la planète Myra, incarnée par le professeur Topolov, l'hologramme de son âme. Bon, le scénario n'est clairement pas le point fort du film.
En revanche, les émotions passent ; il y a comme une tragédie familiale qu'illustrent à la perfection les sublimes musiques et les images aux accents transcendantaux, parfois barrés (la licorne), avec en sus un petit twist très efficace. Cobra se bat pour ces triplées, un peu spectateur et prisonnier de cette histoire, comme de son désir pour ces superbes créatures... Ses répliques m'ont paru cependant un peu moins souvent amusantes que dans la série, mais une séquence comme celle de la moquette poilue vaut son pesant de mdr ; tandis que les dialogues, non-explicatifs au cours des scènes d'action, et un peu plus philosophiques en dehors, rendent l'ensemble beaucoup moins lourd. M'enfin c'est pas du Nietzche non plus, hein.
Finalement, après une première moitié formidable, Cobra, le film s'essouffle quelque peu, la faute à un rythme tel que l'histoire a un peu tendance à nous filer sous le nez. Et puis bon, l'épilogue, un peu facile et pas extraordinaire, m'a relativement déçu. Mais alors d'un point de vue formel et sonore, c'est du très très lourd pendant tout le film.
A découvrir absolument pour tous les fans de la série, même si la proposition s'avère assez différente ; quoique le personnage de Cobra reste égal à lui-même (Voir ma critique de la série ICI).