Alejandro amène à boire !
Si l'on peut comprendre l'envie des Espagnols de parodier les films de leur pays, il est difficilement concevable de comprendre l'intérêt du distributeur d'éditer le film en France, non pas que ce cinéma n'en vaille pas la peine, mais pour la simple et bonne raison que plus du trois quart des références qui y sont faites n'interpelleront que les plus cinéphiles.
Ramira (Alexandra Jiménez), une femme de ménage, démarre son nouvelle emploi dans une maison lugubre habitée par Laura (Sílvia Abril), ses deux enfants, Simeón (Óscar Lara) et Ofendia (Laia Alda), ainsi que son frère Pedro (Carlos Areces). Les phénomènes paranormaux se montreront nombreux, et tous devront se mettre à rechercher Simeón, qui a disparu.
Suivant la trame de Les Autres avec Nicole Kidman, le film n'a en réalité pas de but vraiment précis, si ce n'est faire rire, et ça il y arrive plutôt bien, pour peu que l'on adhère à l'humour débile et absurde, et surtout que l'on connaisse les films qui sont parodiés. Le réalisateur, Javier Ruiz Caldera, s'accorde certes quelques écarts en parodiant des films américains, dont notamment Superman ou encore Le Seigneur des Anneaux. Il sera d'ailleurs particulièrement savoureux de retrouver Leslie Nielsen, décédé l'année dernière, dans un passage éclair où il incarnera le rôle d'un toubib, et nous servant sa tirade « Et encore bonne chance, nous sommes de tout coeur avec vous », issue de Y'a-t'il un pilote dans l'avion. Côté hispanique nous avons le droit aux parodies de [Rec], Abre Los Ojos, de Javier Bardem dans No Country For Old Men, ce qui devrait dire quelque chose à une relative majorité. Pour le reste les références demanderont une bonne culture du cinéma, car celles faites à Talon Aiguilles, Le Labyrinthe de Pan, Capitaine Alatriste ou encore Les Lundis au soleil risqueront d'en déstabiliser plus d'un.
En somme, si les Scary Movie et autres films se terminant par « movie » sont étudiés pour les masses, ici on a clairement un produit réservé à un public averti, et si l'on ne connaît pas les films parodiés il y a fort à parier que la plupart des gags tomberont à l'eau. Si en revanche vous êtes incollables sur le cinéma d'Amenábar ou d'Almodóvar, vous vous payerez une bonne tranche de rigolade. On pourra toujours reprocher au film de manquer un peu de finesse, mais il s'avère cependant bien au dessus du niveau des parodies actuelles, en particulier celles du duo Friedberg/Seltzer (Big Movie, Spartatouille...), et il serait dommage de bouder ce sympathique moment d'égarement au pays de l'humour potache.
Bref, Spanish Movie, sous ses airs de parodie grand public ne l'est en réalité pas vraiment, et s'avérerait plutôt être une parodie du cinéma indépendant. Le spoof des Goyas est juste énorme, rappelant les cutscenes absurdes de La Cité de la peur, et l'on explosera de rire en voyant le nom du village qui s'appelle « Los Alpedretes de Los Almodovares ». Le générique de fin n'est également à ne pas louper, nous offrant un bêtisier et quelques bons moments de rires avec le feu Leslie Nielsen.
Pour conclure, si vous adhérez au cinéma espagnol et que l'idée de voir ce cinéma tourné en dérision vous intéresse, foncez, vous ne le regretterez pas. Ceux qui n'ont jamais entendu parler d'Amenábar, Almodóvar, Noriega ou Bardem risquent en revanche de gravement s'emmerder, hormis lors des gags généralistes.
Mention spéciale pour notre cher Leslie Nielsen, dont l'apparition fera à coup sûr plaisir à beaucoup de monde. We miss you Leslie !