Avec "Sparrow", le brillantissime Johnnie To s'est aventuré dans un registre nouveau : partant d'une idée de départ géniale - la précision des gestes, l'élégance utilitaire des mouvements du pickpocket s'apparentent à la discipline de la danse -, To nous propose donc une comédie musicale sans musique (des notes de jazz en contrepoint quand même) et sans ballet (encore que la scène "des parapluies" s'y apparente fortement), qu'il double - autre coup de génie - d'un portrait précis, sensuel, et souvent inspiré de sa ville, Hong Kong, filmée comme pour la première fois. Secondé par son habituelle troupe d'acteurs, qui semblent beaucoup s'amuser, To réalise l'un de ses films les plus séduisants, tout en grâce et en légèreté, démontrant que le formalisme le plus extrême peut être un sujet en soi. Il est seulement dommage qu'il ne se soit pas creusé un peu plus la tête pour trouver un scénario plus consistant, plus crédible, voire plus cohérent, car "Sparrow" finit par pécher de ce côté-là.