Il s'agit d'un film documentaire avec un fort degré d'immersion : L'essentiel du temps du film est constitué des paroles des enfants. La caméra finit par se faire oublier des protagonistes et l'on assiste à des instants d'une belle authenticité. Une parole véritablement libérée.
Mais Spartacus & Cassandra peut aussi se regarder comme un conte. Un conte dans lequel ce ne non pas des parents qui abandonnent leurs enfants mais des enfants qui abandonnent leur parents. Avec un ogre et une -belle - sorcière et une jolie fée "belle maman" veillant sur les deux petites têtes brunes. Une histoire avec bal de minuit et matin chagrin ; avec cha(pi)teau qu'on détruit et masure transformée en maison de princesse ; avec des fleurs magiques trouvées dans les bois. C'est comme un jeu de découvrir les multiples clins d’œil aux contes traditionnels : Hansel et Gretel, le Ptit Poucet, Cendrillon...
Mais les rapports entre les personnages n'en sont pas moins ancrés dans une réalité toute contemporaine. Au début du film, les enfants semblent déboussolés par la contradiction permanente des adultes qui les entourent. D'un côté des parents perdus, économiquement exclus dont les points de repères les plus stables semblent être leurs enfants. De l'autre, Camille, une jeune femme non rom mais qui en a adopté le style : aménagement d'un chapiteau, trapéziste, guitariste... Les parents ont leurs enfants et aspirent au confort d'une vie à la française. Elle, n'a pas d'enfant mais va s'investir au delà de son rôle de tutrice dans une quasi responsabilité parentale. Les deux enfants se retrouvent ainsi au centre de ces enjeux affectifs dans une situation complexe.
La mise en scène est particulièrement soignée pour un film documentaire. Un travail sur la lumière très intéressant en premier lieu. Mais également un travail subtil sur le cadre : le réalisateur est toujours absent de l'écran bien qu'omniprésent dans la vie quotidienne des enfants. Les premiers plans s'attachent à suivre au plus près les mouvements, les regards de Spartacus et Cassandra puis, dans une deuxième partie, à la faveur d'un horizon dégagé (on sort de la ville pour la campagne), les plans se font plus larges et le rythme moins saccadé.
Temps fort ultime, le texte déclamé par Spartacus en fermeture du film.
A découvrir.
Personnages/interprétation : 9/10
Scénario/histoire : 8/10
Réalisation/Mise en scène : 8/10
8/10