Ma critique vidéo sur Speak no Evil (2024)
2 ans seulement après la sortie du film original (ce qui est assez tôt quand même), les américains ont voulu apporter leur propre version en faisant un remake. On le sait, remake et américain ne font pas souvent bon ménage quand ils refont un film étranger, surtout quand ça se contente de faire beaucoup de copier-coller. Tout ça parce qu’ils ne sont pas capable de redoubler les films correctement, ils se sentent alors obligés de refaire le film mais en y apportant des fois quelques petits changements (un peu comme un remake disney récent). Mais, que vaut ce nouveau Speak no Evil porté par James McAvoy ? Il y a deux manières de voir ce long-métrage, si vous avez vu le film original et si vous n’avez pas vu le film original. Dans le deuxième cas, il y a des chances que vous passiez un moment sympathique en le regardant mais, dans le premier cas (qui est justement mon cas), on dirait un film avec moins de saveur même si il reste quand même correct. On est pas sur un remake américain ridicule mais peut-être un peu dispensable malgré des vraies différences dans le dernier acte. Ce n’est pas horrible pour autant mais c’est plus difficile à apprécier avec les connaissances du long-métrage original, et ce malgré quelques défauts visibles également même sans connaître le film original.
Donc, cette critique se basera sur le fait qu’on connaît déjà le long-métrage original parce que c’est difficile de faire comme si il n’existait pas, même pour découvrir ce remake.
Positif
- Paddy (James McAvoy) est un homme avec une grande liberté de vie dont il profite et qu’on envie un peu, surtout quand on devient son ami avec sa personnalité très sympathique au premier abord. Après, plus le long-métrage avance et plus il semble étrange aux yeux des spectateurs qui s’interrogent sur lui. C’est un personnage assez intriguant en vérité mais qui fonctionne. Surtout qu’il fait des actions pour réellement aider Ben et mieux sympathiser avec lui donc une confiance qui fonctionne un petit peu mieux.
- Ciara (Aisling Franciosi) est la femme de Paddy, c’est une femme assez aimante avec les enfants mais également assez discrète malgré qu’elle semble beaucoup apprécier les enfants. Elle est assez discrète par rapport à Paddy quand même.
- Louise Dalton (Mackenzie Davis) est une femme attachante qui vit surtout pour sa fille en tentant d’arranger ses problèmes de couple avec son mari. C’est bien de voir une femme qui pense au bien de sa fille avant tout mais dont on aimerait comprendre les soucis avec son mari.
- Ben Dalton (Scoot McNairy) est un homme très réservé qui semble garder beaucoup de colère en lui, notamment envers sa femme avec qui il s’est passé des choses. Ici, c’est un homme rarement sûr de lui et des décisions à prendre pour lui et sa famille mais on peut comprendre en se mettant à sa place vu ce qu’il a traversé, comme si quelque chose en lui s’était brisé par le passé.
- Agnès Dalton (Alix West Lefler) est le fille de Louise et de Ben, il n’y a pas grand-chose à dire sur elle mais elle est assez attachante quand elle veut, malgré ses crises pour son lapin en peluche mais on peut comprendre pourquoi en se mettant à sa place.
- Ant (Dan Hough) est le fils de Paddy et de Ciara, c’est un garçon très réservé qui parle très peu mais assez débrouillard pour tenter de prévenir l’autre famille de ce qui se passe ici.
- Il y a peu d’évolutions mais il y en a. Celui qui évolue le plus, c’est Ben par rapport à ce qu’il retient en lui et que cette histoire va le faire changer un peu sur l’attachement envers sa famille (surtout sa femme). Sinon, il y a Ant qui a une certaine évolution aussi par rapport à ce qu’il a traversé avec sa famille, ce qui n’est pas trop mal aussi, y compris dans sa conclusion.
- La relation amicale entre Paddy et Ben est intéressante ici. Ben évolue grâce à Paddy et à ses méthodes qui lui apportent du soulagement, de la libération dont il avait besoin vu qu’il n’arrive pas à évacuer. Franchement, la relation amicale entre les deux fonctionne bien, surtout pour Ben.
- Le long-métrage démarre par une famille qui en rejoint une autre sous le regard du jeune garçon avant que le jour ne se lève et qu’on voit les deux familles pendant les vacances. Une introduction plutôt pas mal qui nous donne envie d’en voir plus.
- Le symbolisme fonctionne bien ici. On a quelques éléments de symbolisme qui se font sentir comme les parents pour les enfants ou même le lapinou d'Agnès qui a une signification particulière efficace.
- La tension n’arrive réellement que dans les derniers actes mais il est vrai qu’elle fait un petit quelque chose. Sincèrement, la tension arrive à faire un peu d’effet dans certaines scènes et c’est à saluer un peu.
- Malgré que le long-métrage soit prévisible la majorité du temps, il faut reconnaître que le dernier acte était assez inattendu, y compris dans la manière dont ça arrive.
- La fin est inattendue, différente mais marche un peu. Elle a beau faire fin classique de film d’horreur, ça reste une fin qui fait un peu plaisir à voir ici.
- Le style vestimentaire des personnages arrive assez bien à les définir. C’est un détail mais ça reste efficace de ce coté là.
Négatif
- Est-ce qu’on peut dire que le message du long-métrage est trop simple ? Ca parle juste de la méfiance des étrangers qu’on connaît peu, ce qui est un peu vrai, mais vu comment ça finit, est-ce que le message est réellement bon ? Surtout quand on voit le pourquoi Paddy et Ciara font ce qu’ils font, parce qu’il fallait une justification claire sans que les spectateurs puissent imaginer facilement par eux-mêmes…
- Évidemment, comme le long-métrage ne change pas grand-chose à l’original, ça fait que la majorité des choses sont assez prévisibles. En dehors du dernier acte qui change réellement les choses jusqu’à la fin et d’Ant qui essaye de mieux prévenir la famille, le reste reste assez pas mal prévisible, ce qui est réellement regrettable.
- Le jeu d’acteur est assez moyen dans la majorité. D’un coté, on a James McAvoy et Mackenzie Davis qui s’en sortent bien, de l’autre, on a Scoot McNairy et Aisling Franciosi qui ont un peu plus de mal à jouer leurs rôles. Donc, ça donne un bilan assez mitigé dans son ensemble.
- L’horreur est-elle efficace ici ? Non. Étrangement, la tension arrive très tard mais aucun passage ne fait réellement penser à de l’horreur efficace ici, aucune scène n’arrive à réellement traumatiser ou faire peur, ce qui est regrettable pour un « film d’horreur ».
- Un point similaire et problématique par rapport à l’original, la tension qui arrive beaucoup trop tard. On ressent beaucoup moins ce malaise qu’on a dans le film original mais même la tension horrifique arrive tard et ne marche pas tant que ça malgré les tentatives.
- La mise en scène fait un peu trop classique ici. Aucun plan n’est réellement marquant et la mise en scène ne se démarque pas réellement. Ça peut rester crédible pour certains mais il faut reconnaître que la mise en scène se veut beaucoup trop simple.
- Les musiques sont incroyablement discrètes (sauf copyright). Non mais vraiment, il n’y a pas beaucoup de thèmes musicaux mais on a l’impression de n’en avoir retenu aucun lorsque le long-métrage est terminé, c’est triste tout de même.
- Question émotion, ce n’est pas génial. Ils ont beau essayer d’avoir fait quelque chose avec Ant, on a beau être attaché à lui, c’est difficile de ressentir de la réelle émotion pour nos personnages.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Cette fois, ce n’est pas la famille qui fuit et se fait rattraper mais plusieurs tentatives de fuite que Paddy leur fait et que la troisième mauvaise décision (à savoir, sauver Ant de la noyade) les amène à obliger de rester et à se faire capturer. Le problème, c’est que lorsque Paddy explique pourquoi ils font ça avec la fameuse phrase « parce que vous laissez faire », il rajoute que c’est parce qu’il ne supporte pas ce genre de riche. Pourquoi une question de classe sociale là-dedans ? Etait-ce réellement nécessaire dans ce genre d’histoire où Paddy et Ciara volent les enfants de couples qu’ils invitent en tuant les parents ? Le fait de voler les enfants et tuer ses vrais parents suffit, pas besoin de rajouter une justification d’échelle sociale en plus. Ca donne juste l'impression qu'il faut se méfier des pauvres alors que le souci est qu'ils ne se connaissent pas assez, pas qu'un couple est pauvre et l'autre non. D'où le fait que le message ne fonctionne plus trop. Par contre, voir Ant achever Paddy avec rage, ça c’est pas mal quand on imagine tout ce qu’il a subi avec ses « parents » là. D'ailleurs, le coup de la « happy ending » que l’Amérique aime nous faire passe mais le message est beaucoup moins évident avec ce genre de motivation, ce n’est pas forcément une question de statut social. Même si ils ont aussi rajouter le fait que Ciara ne pouvait pas avoir d’enfant, qui est déjà une justification plus crédible mais pourquoi avoir eu autant d’enfants à capturer au final ?
Le coup de Louise qui finit par accepter l’invitation ici est un peu facile non ? Ici, Louise dit non parce qu’ils ne les connaissent pas assez, ce qui est vrai, mais elle finit par changer d’avis quelques secondes après. Il est vrai qu’elle a des soucis de couple à régler avec son mari et qu’elle espère que ça peut les aider mais, est-ce réellement une raison valable de revirer sa veste aussi facilement ? Ils auraient pu faire comme dans l’original et laisser passer quelques jours après l’invitation pour finir par accepter car ils en avaient besoin. Enfin, c’est juste une idée mais celle choisie n’est pas forcément la meilleure.
Dieu merci, ils ont refait le coup du lapin en peluche oublié d’Agnès mais, cette fois, elle ne le retrouve pas dans la voiture au dernier moment, ce qui marche mieux. Le lapin est réellement oublié, ils vont le chercher pour rassurer Agnès qui n’arrive pas à faire sans, point. Même si, dans les deux versions, le doudou a une signification particulière qu'on ressent dans les deux versions, que ce soit la fin de l'original où elle le garde dans ses bras ou la fin du remake où elle le donne à Ant
Au final, ce remake américain n’est pas un navet mais il est un peu difficile à apprécier comme il se doit. Encore une fois, vous apprécierez beaucoup plus ce long-métrage sans connaissance de l’original mais, en y réfléchissant à froid, c’est un film d’horreur peu efficace malgré un certain potentiel. On a des personnages assez bien développés avec des relations intéressantes, quelques évolutions à garder et un dernier acte inattendu avec une tension (trop tardive) mais qui fait un peu d’effet. Après, l’horreur n’est pas terrible, la mise en scène est trop simple, le jeu d’acteur est moyen et c’est assez prévisible. Enfin, ça peut rester une vision légèrement différente qui en intéressera certains donc peut-être que vous passerez un bon moment si vous le découvrez, surtout si c’est avant sa version originale peu connue avant la sortie de celle-ci.
Croyez moi, j’aurais aimé en dire plus de bien mais le fait d’avoir vu l’original (malgré que, en général, j’apprécie les changements pour voir où ça peut mener) m’a probablement empêcher de l’apprécier plus que ça…