James Watkins, délaissant les artifices spectaculaires, livre un thriller psychologique d’une lenteur insidieuse, s’infiltrant au cœur des conventions sociales et écorchant, avec une froide acuité, les hypocrisies qui façonnent nos interactions quotidiennes.
Les décors naturels, baignés d’une lumière douce, instaurent un contraste avec l’atmosphère de malaise qui gagne peu à peu. Cette dichotomie reflète le cœur du propos : l’horreur est l’érosion progressive du confort et de la certitude.
L'un des aspects les plus dérangeants est sa critique de la politesse et du conformisme social. Le film expose comment le désir d'éviter le conflit ou l'embarras peut conduire à une abdication progressive de son autonomie et de son instinct de survie. Les protagonistes, incapables de s'opposer ouvertement à leurs hôtes malgré des comportements de plus en plus inacceptables, incarnent comment de petits compromis successifs mènent à une perte totale de contrôle.
Watkins réserve à la dernière partie un basculement glaçant dans l’horreur pure, porté par une froideur nordique. La mise en scène traduit la chute inexorable d’une famille piégée par des prédateurs ayant méthodiquement exploité leurs failles. La scène finale, accompagnée de la musique de Monteverdi, atteint une intensité insoutenable.
Cependant, le film vacille sous le poids d’un scénario parfois incohérent entraînant un manque d'empathie pour les protagonistes. Parmis eux, malgré tout, James McAvoy brille dans le rôle d’un hôte troublant.
Malgré quelques maladresses, ce thriller ose confronter l’hypocrisie du quotidien à la froideur implacable de l’horreur, laissant une impression durable. Un thriller conscient du monde, qui fait de l'exagération un espace de réflexion.