Special : Premier rôle marquant et touchant de Michael Rapaport

• Et toi, là-bas ! Oui, c’est bien à toi que je parle! Tu apprécies Kiss-Ass (C’est surtout un des derniers bons films avec Nicolas Cage mais je dois rester focus) et Super brossant le portrait de gens ordinaires se prenant pour des super-héros parce que c’est tourné par de bons réalisateurs et que les blockbusters de Marvel te saoulent par leur côté formaté.

Généralement, ces deux derniers points de vue sont souvent associés dans les conversations. A moins que cela soit un ressenti ou une interprétation personnelle de ce que j’entends autour de moi.

C’est vrai qu’ils proposent une vision fun et moins glorieuse d’un « super-héros » dans sa vie quotidienne. Or, très peu de personnes mentionnent Spécial dans ce sous genre de films, ou même Defendor avec le génialissime Woody Harrelson que je vous conseille aussi. Il y avait eu juste avant les années 2000, Mystery Men ayant maintenant sa fan base mais je ne le trouve pas ouf non plus.

• Ce n’est pas vrai, tu ne peux pas rester concentré uniquement sur le film.


• J’adore le cinéma donc forcément je digresse sur d’autres œuvres, c’est plus fort que moi !


• Alors de quoi il parle ce film, Hawk, s’il est si spécial, alors que personne ne le connait depuis sa sortie, à peine 124 notes sur SC ?


• Ok, tu es déjà hostile envers ce film avant même de lui donner une chance.

Il a malheureusement un bouche à oreille assez confidentiel, aujourd’hui, car les réalisateurs- scénaristes n’ont pas eu par la suite une carrière faisant rêver. Surtout pour Jeremy Passmore (Remake de l’Aube Rouge et d’autres films encore moins réussis avec un certain Willis). Mais cela ne doit pas vous décourager car je sais qu’il y a parfois des pépites cachées, là où on s’attend le moins (là, c’est mon côté chineur qui parle). Tourné comme un documentaire et ne cherchant pas le spectaculaire à tout prix, on découvre Les Franken, sous les traits de Michael Rapaport.

• Cet acteur, il me dit quelque chose ?


• Bien sur, tu l’as certainement vu dans True Romance, c’est un des potes de Clarence ou dans Copland. Côté séries, tu l’aperçois dans Earl, Friends, Justified. (Je sais, ce n’est pas dans l’ordre chronologique, mais on s’en fout car je ne suis pas un **tain de maniaque).

Mais là, il a enfin le premier rôle qu’il interprète de manière convaincante et touchante. On découvre le quotidien d’un mec ordinaire qui voudrait vivre sa vie de manière plus intense. Pour cela, il va suivre le programme d’un médicament devant arriver sur le marché prochainement. Or cela va avoir des effets secondaires importants dans sa vie.

• Ah, je crois que je viens d’éveiller l’intérêt du fan de Philip K. Dick, là-bas au fond, où certains traitements ont des effets saisissants sur les personnages dans son œuvre.

A partir de là, les scénaristes vont proposer une réflexion sur le fait d’obtenir une certaine reconnaissance ou valeur dans la société par des moyens détournés pour se sentir exister en tant qu’individu. Ils font même un parallèle avec la BD plus qu’évident car les potes de Les tiennent un magasin de comics que n’auraient pas renié un Kevin Smith ou Shyamalan. C’est clairement une référence à un de mes films de chevet : Incassable sorti en 2000 que j’ai vu deux fois la semaine de sa sortie, avec un super héros ordinaire joué par Bruce Willis. En effet, ces derniers vont être les premiers témoins de la transformation de Les voulant devenir un justicier pour prouver que ce n’est pas qu’un minable. Mais comme dans tout film de super-héros, une menace va planer autour de Les avec l’apparition de mystérieux individus en costume (Eh non, ce ne sont pas les Men in Black ou des John Smith), montrés comme des puissants voulant s’enrichir, tout en détruisant ceux qu’ils considèrent comme des moins que rien sur Terre. Quelle ne fût pas surprise de voir Paul Blackthorne incarnant l’un deux.

Oui, c’est bien l’inspecteur Quentin Lance dans Arrow (Allez, encore une référence à des comics) ou encore Harry dans Dresden (Anecdote ne servant à rien : série produite par Nicolas Cage). C’est dingue le nombre de connexions que l’on peut faire en parlant d’une seule œuvre.

Contrairement à Kiss-Ass (c’est moins spectaculaire en terme d’action), ou à Super (la violence est moins présente), Special s’avère plus réaliste dans son traitement, tout comme Defendor évoqué plus haut. Il est, ainsi, plus facile d’éprouver de l’empathie pour son personnage principal et de suivre son évolution jusqu’à son final percutant. Les scénaristes n’ont pas oublié d’intégrer des éléments de comédie car l’histoire est assez sombre dans son ensemble. Je ne peux pas en dire plus car cela gâcherait son impact. Spécial est plus subtil que laisse penser son pitch car il aborde, en sous-texte, l’influence et l’importance de laboratoires pharmaceutiques dans nos sociétés, ainsi que les dégâts psychologiques causés sur certains individus par la prise de traitements pharmacologiques. Il n’en reste pas moins une des meilleures prestations de Michael Rapaport de sa carrière.

Je terminerai par un petit mot sur le DVD ne proposant comme bonus que des bandes annonces sur des petites productions horrifiques (ex : Bubba Ho-tep, HeadSpace, Meatball Machine...) très éloignées du sujet abordé dans ce film.