Ce début d’année a été un peu triste en terme de sorties ciné, il n’y a pas eu, pour ma part, de films vraiment marquants, ni de grosses attentes.
Le film que j’avais le plus hâte de voir en fait, c’était sûrement Special correspondents, d’autant plus que ça fait un moment qu’il a été annoncé et qu’on n’a pu voir un trailer qu’il y a un moins environ. Je ne suis pas fan de tout ce qu’a fait Ricky Gervais, mais quand j’aime une de ses créations, je suis carrément hilare (Extras, Life’s too short : du génie). Alors son nouveau film, j’en trépignais d’impatience… oui, même si c’est un remake d’une comédie française avec Jugnot et Lanvin, que la bande-annonce ne m’avait pas convaincu, et que les premiers retours n’étaient pas terribles… parce que c’est du Ricky Gervais, quoi, après tout !
Frank Bonneville est le journaliste vedette à la petite station radio de Q365 news ; sûr de lui et un peu prétentieux, il a un talent pour improviser ses reportages… même s’il a tendance à broder à partir de fragments d’informations seulement. Avoir une histoire à raconter est l’essentiel, tant pis pour le professionnalisme, y compris dans ses méthodes pour obtenir des renseignements.
C’est déjà vu, mais il y a quelques originalités, et cette fois, des retombées. Au prochain écart de conduite, Frank se fait virer.
Il a pour ingé son Ian Finch, qui au contraire manque d’estime personnelle. Plus à cheval sur les règles, il tient à son boulot, qui est aussi sa passion, au regret de sa femme qu’il ennuie.
Elle le trompe un soir avec Frank, et quitte le lendemain son époux, le jour où les deux hommes doivent partir pour l’Equateur, couvrir un conflit prêt à éclater à tout moment.
Le problème, c’est qu’ils perdent leurs passeports, et en viennent finalement à faire semblant d’être sur place, mais depuis un appartement près de la station de radio.
Ce principe amène déjà des situations absurdes et des quiproquos hilarants, mais j’ai aussi retrouvé ce que j’aimais dans d’autres fictions de Ricky Gervais : des dialogues vifs, un humour acide, et pleins de gags bien trouvés, qui découlent d’un point de vue unique qu’il a sur des situations pourtant déjà vues maintes fois ailleurs. Il a toujours un talent pour créer des situations awkwards savoureuses, avec pas grand chose.
Il y a un bon rythme maintenu dans les dialogues, grâce au montage et à des acteurs qui fonctionnent bien ensemble. Il n’y a que les deux comédiens jouant les restaurateurs latinos qui ne marchent pas trop ; non seulement ils amènent des gags un peu faciles, mais ce qui semble être des improvisations de leur part tombent régulièrement à plat.
Ricky Gervais en revanche parvient à me faire rire avec facilité, par ses expressions et son jeu, ce qui rend son personnage attachant, et fait fonctionner les brefs moments un peu moins joyeux.
Même si ça reste drôle la plupart du temps, je trouve toutefois qu’il abuse des piques gratuites adressées à sa personne ; il fait tout le temps ça, faire dire à un autre personnage à quel point le sien est pitoyable. C’est facile et c’est d’une récurrence qui laisse à penser qu'il veut qu'on le prenne en pitié… alors que comme dans chacun des films dont il a tenu le rôle principal jusque là, il incarne l’underdog au charme peu conventionnel, et qui finit par conquérir une femme (cf. Ghost town et The invention of lying).
La "romance" ici est vraiment au second plan, mais je trouve que Special correspondents jongle bien entre ses différentes intrigues, surtout en isolant les deux héros des autres protagonistes pendant la majorité du film.
Il y a toutefois une baisse de rythme dans la seconde partie, qui devient aussi un peu plus saugrenue.
Quant à la réalisation, elle est transparente au possible, on dirait que la même technique a été employée que pour n’importe quelle comédie US actuelle : couvrir une séquence avec plusieurs angles de caméra, et se débrouiller au montage ; ça se sent dans les faux-raccords.
Je m’aperçois que je m’attarde davantage sur les défauts du film, qui m’a pourtant plu. Mais que dire de plus sur l’humour, si ce n’est que j’y adhère et que j’ai éclaté de rire de temps à autres ?
Je m’attendais à être déçu, au vu des premiers avis, et avec Gervais je peux pleurer de rire comme des fois être totalement hermétique (Derek), mais j’ai apprécié Special correspondents. Suffisamment pour que je ne comprenne pas le désenchantement général, quoique pas assez pour m’en agacer. Parce qu’il est vrai que ça n’atteint pas les sommets d’Extras par exemple.
En même temps, j’avais déjà aimé ses autres films, qui avaient aussi mauvaise réputation…
http://www.mediumscreen.com/2016/05/critique-special-correspondents-de.html