Si Spotlight ou Truth, le Prix de la Vérité montraient des journalistes au grand coeur, prêts à tout pour étaler la vérité au grand jour, Special Correspondents est, lui, un peu plus... décontracté, dirons-nous. Et non, les enfants, tous les journalistes ne sont pas des héros qui cherchent à dénoncer la pédophilie au sein de l'Eglise. Il y en a qui sont légèrement moins à cheval sur l'éthique.
Et franchement... C'était drôle ! C'est vrai, la bande annonce révélait un peu trop de choses et beaucoup de cartouches ont été grillées trop tôt. Ce qui n'empêche pas de passer un très bon moment devant le film en lui-même.
Évidement, c'est du Ricky Gervais. L'humour ne brille pas toujours par sa finesse, notamment en ce qui concerne le personnage de Finch (incarné par le réal lui-même). Certains passages tombent même un peu à plat ; cela reste excusable si l'on considère que Gervais n'a pas été bien souvent derrière la caméra et que son écriture se cherche encore. A côté de cela, les personnages sont relativement bien écrits et certaines scènes sont même franchement drôles !
Et puis que serait Ricky Gervais sans ses petites piques bien senties envers sa chère nation américaine ? Le présentateur ô combien redouté des Golden Globes est célèbre pour son regard assez moqueur et ses remarques crûes sur le système hollywoodien. Ici, c'est à plus grande échelle que se porte la satire. Rien n'y échappe : un journalisme dont le seul but est de faire de l'audience - quitte à inventer la moitié de l'histoire ; le gouvernement américain qui brille par son incompétence ; le patriotisme outré et la crédulité des Américains ; la soif de célébrité et de reconnaissance... Bref, personne n'en sort vraiment indemne.
Heureusement, le réalisateur a eu le bon goût de ne pas conclure son film par un manichéisme bon marché. Les personnages restent fidèles à eux-mêmes et les défauts de la société restent ce qu'ils sont, mais c'est par une pointe de douceur que s'achève Special Correspondents.
Un film donc relativement court, bien géré, à l'humour plutôt bien dosé, aux personnages attachants et au regard critique acéré mais affectueux. Un bon moment, au final, qui rappelle gentiment que le journalisme, ce n'est pas seulement de l'investigation désintéressée et que tous les journalistes sont loin d'être des saints.