Projeté au Festival international du film Fantasia 2022, Special Delivery fait partie de ces films mettant en scène un personnage qui transporte tout ce que la poste ne peut pas faire. Des films conçus pour aller vite, pour mettre en scène des courses poursuites pour faire monter l’adrénaline, avec un chauffeur as du volant roulant à fond les ballons. Dans Special Delivery, une conductrice particulièrement douée va se retrouver à un carrefour moral après que l’une de ses missions ait mal tourné et qu’elle se retrouve avec un enfant sur les bras. Et forcément, ça va avoir un impact sur ses habitudes et surtout sur son travail. Pour son troisième film, Park Dae-Min (Private Eye, Seondal) roule sur les traces de la saga Le Transporteur, du Baby Driver d’Edgard Wright ou du Drive de Nicolas Winding Refn, le tout à la sauce coréenne avec tout le savoir-faire qu’on leur connait en matière d’action, mais aussi tous leurs défauts. En résulte un film très divertissant mais sur lequel on a du mal à réellement s’enjouer.
Le film s’ouvre sur une bande-son de synthétiseur très années 80 (là-bas aussi, ça doit être la mode) et on nous introduit rapidement dans le domaine de travail particulier de la jolie So-Dam alors qu’elle récupère un gangster qui doit être « livré ». Alors qu’il peste que son chauffeur est une femme, il oublie très vite ses craintes lorsqu’il se rend compte que So-Dam et sa voiture ne font qu’un et que malgré ses nombreux poursuivants, elle le ramène saint et sauf à destination. Puis rapidement on fait la connaissance des autres personnages du film, à commencer par le patron de So-Dam et un de ses employés, un immigré pakistanais. Puis c’est au tour de ceux qui vont venir perturber le quotidien de la mam’zelle, un jeune garçon et son père, qui semble avoir en sa possession quelque chose que des malfrats recherchent, et donc lesdits malfrats qui vont tout faire pour récupérer leur dû. Lorsque So-Dam accepte le contrat d’amener la petite famille d’un point A à un point B, elle est vite prise en chasse par un groupe de tarés sans foi ni loi (ou presque) prêts à tout pour les arrêter. Alors oui, clairement, Special Delivery ne brille pas par son scénario. On est là dans quelque chose de déjà vu, dans des valeurs simples mais sûres, et le film va se dérouler sous nos yeux sans jamais chercher à amener des rebondissements et autres retournements de situation. On est en terrain connu, avec une fois de plus des flics corrompus jusqu’à la moelle (pas original pour un sou dans un film coréen) qui vont laisser derrière eux tout un tas de cadavres sans qu’ils ne semblent réellement jamais soupçonnés, une héroïne qui va se prendre d’affection pour cet enfant qui s’est mis en travers de sa route quitte à mettre sa vie en danger, des dégâts collatéraux chez les proches de l’héroïne car il faut forcément que des personnages sympathiques en prennent plein la gueule alors qu’ils n’y sont pour rien, et une police des polices qui va venir mettre un peu d’ordre dans tout ça. Non, rien d’original, mais une efficacité qui vient compenser cela et qui fait ses preuves dès les premières minutes, nous permettant de passer 1h48 des plus agréables.
Le casting du film est éminemment sympathique. Park So-Dam (Parasite, The Silenced) est tout à fait crédible en as du volant badass prise de remords, devenant de plus en plus douce au fur et à mesure que son personnage s’attache à sa jeune livraison. Le tout jeune Jeong Hyun-Jun (Parasite), 10 ans lors du tournage du film, s’en sort admirablement bien. Son jeu sonne juste et confirme que les Coréens savent parfaitement travailler avec des enfants. Le grand méchant Song Sae-Byeok (Doomsday Book, Sector 7) fait ce qu’on attend de lui en tant que grand méchant d’un polar coréen et délivre une prestation des plus funs, volontairement irritant pour le spectateur. Les seconds rôles ne sont pas en reste, avec des acteurs qui campent des personnages attachants lors de scènes intéressantes. Special Delivery est d’ailleurs rempli de scène intéressantes. Les courses poursuites sont de très bonne tenue, lorgnant parfois du côté de Fast and Furious, avec le strict minimum en termes de CGI afin de leur donner un côté le plus réaliste possible. Bien que le montage ne les mette pas toujours à l’honneur, elles sont clairement un des points forts du film, tout comme les scènes d’action de manière générale. Le gunfight / combat final est d’ailleurs à saluer, très intense, très violent, avec une maitrise visuelle qu’il faut souligner et permettant à Special Delivery de remplir toutes les cases du divertissement popcorn de qualité. Bien que le scénario se déroule sans accroc ni surprise, le réalisateur insuffle suffisamment de tension pour que le spectateur reste concentré, rajoutant même par à-coups des moments d’émotion qui fonctionnent, et le score qui accompagne le film du début à la fin est soigneusement choisi. Non, réellement, il n’y a pas grand-chose qui cloche dans Special Delivery. On a seulement cette sensation de voir un film de plus du genre, de voir un film coréen de plus qui aligne ce que le public a envie de voir et qui ne cherche à aucun moment à proposer une once d’originalité.
Bien que manquant d’originalité dans son déroulement ou dans la façon dont sont traités les personnages, Spécial Delivery est un polar d’action des plus efficaces et réjouissants. Pas du grand cinéma, mais un bon divertissement.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-special-delivery-de-park-dae-min-2022/