Alors qu’il doit couvrir le lendemain matin la pendaison d’Earl Williams, Hildy Johnson (Jack Lemmon), grand journaliste de l’Examiner, annonce à son patron (Walter Matthau) qu’il démissionne afin de se marier. Mais le soir même, Earl Williams s’échappe, mettant toutes les rédactions de la ville sur le qui-vive…
Malgré un rythme extrêmement soutenu qui ne laisse aucune place à l’ennui, on sent que la mécanique comique de ce Wilder de fin de carrière tourne parfois à vide, se relâchant un peu trop par moments.
Fort heureusement, la cible visée est large, ce qui permet à la satire wilderienne et à son ironie dévastatrice de faire souvent mouche dans sa description au vitriol du monde médiatique. Mais cette dénonciation, si elle atteint les journalistes en premier lieu, s’étend également au monde politique, à sa corruption légendaire et à ses craintes toutes capitalistes, faisant même un détour par le monde de la psychiatrie, en s’attaquant de manière savoureuse aux théories délirantes de la psychologie freudienne (pardon pour cet oxymore…) :
- Dites-moi, M. Williams, avez-vous eu une enfance malheureuse ?
- Pas vraiment, j'ai eu une enfance des plus normales.
- Je vois. Vous vouliez tuer votre père et coucher avec votre mère.
On le voit, la charge est féroce, et si elle passe parfois à côté de sa cible, elle s’avère le reste du temps d’une redoutable efficacité. La présence de Jack Lemmon et Walter Matthau, tous deux parfaits en rapaces médiatiques, achève de faire de ce Spéciale première une satire mordante de notre société contemporaine, parfois fragile, mais qu’on déguste volontiers en ces temps où l’escroquerie politico-médiatique est à son paroxysme.