Avant de réaliser de grosses bousasses comme le remake de The Haunting ou le second volet des aventures cinématographiques de Lara Croft, l'ancien directeur de la photographie Jan de Bont avait littéralement cassé la baraque avec son premier essai en temps que cinéaste, Speed, très gros succès public comme critique sorti pendant l'été 1994.
Pourtant, dieu sait que cette relecture d'un film japonais des années 70 s'articule autour d'un script complètement con, multipliant les invraisemblances comme un don juan des supérettes collectionne les maladies vénériennes. Tout est gros, énorme, impossible, impensable dans Speed, pas crédible une seule seconde d'un point de vue purement physique et logique. Ajoutez à cela toutes les figures attendues du blockbuster typé 90's, allant du brave flic beau gosse et déterminé au méchant cabotin courant après ses trois millions de dollars, en passant par l'adorable chieuse et le coéquipier sympathique, et vous obtiendrez un produit parfaitement calibré pour le dimanche soir sur TF1.
Oui mais voilà, Speed a été conçu à une époque où l'on prenait des risques, où les cascadeurs donnaient tout ce qu'ils avaient dans le calcif, où les comédiens mouillaient le maillot et ne se contentaient pas de conduire une fausse voiture sur fonds verts, où l'on faisait tout péter pour de vrai sans avoir recours à d'affreux CGI et où l'on prenait bien soin de ménager ses effets, de proposer au public un joyeux délire allant crescendo dans le spectaculaire.
Construit en trois actes bien distincts, Speed compense donc sa connerie ambiante par une efficacité de chaque instant. Si Jan de Bont est loin d'avoir le talent d'un John McTiernan, le bougre en a sous le capot, conduit parfaitement son récit, ayant correctement apprit sa leçon sur les nombreux films qu'il a eu à éclairer. Le cinéaste parvient à instaurer une tension permanente, ranimant chaque fois l'intérêt du spectateur pile-poil au moment où celui-ci commence à se lasser un chouilla.
Pas aussi inoubliable qu'un Die Hard ou un Point Break, Speed reste un très bon blockbuster des années 90, parfaitement rythmé, ultra-spectaculaire et bénéficiant d'un casting solide, témoin d'un époque où régnait encore un certain savoir-faire dans le domaine.