D'après moi Spider est raté. Ce devait être une période de transition pour Cronenberg, entre un eXistenZ très bancal bien que fascinant, qui est à sa façon un aboutissement des délires organiques malades de tout le début de sa carrière et une veine simple, efficace, très violente et psychologique que composent History of Violence et Les Promesses de l'ombre.
Dans Spider c'est du psychologique à fond. Cronenberg évite d'être trop racoleur, mais ne fait pas non plus les choix les plus fins avec entre autre un twist final un peu lourd, inévitable dans le genre. On suit le personnage de Spider (c'est un surnom), un fou léger qui se rend dans un hospice, proche des lieux de son enfance, et qui en profite pour enquêter à sa manière sur son passé, en réalité surtout sur sa mémoire. On est donc accompagné pendant tout de le film par les tics et les habitudes bizarres de Spider, ce qui est finalement là où le film est le plus intéressant, surtout que Ralph Fiennes donne une bonne performance très juste. Seulement on se lasse vite. Et le passé en question, en plus d'être très banal, est montré avec Spider adulte présent dans les scènes qu'il se rejoue, un procédé vite énervant...
Mais Spider est surtout raté parce qu'il est trop plat, les deux films suivants, tout en étant très centrés sur les psychologies complexes des personnages, seront beaucoup plus aboutis. En effet, le présent ne comporte aucun enjeu, la psychose de Spider réapparait mais rien de très grave, tandis que le passé est donc très cliché et lourd. L'immersion dans la folie de Spider n'a rien de vraiment prenant ou fort, surtout filmé de façon lisse et avec un rythme aussi lent.
C'est donc un petit drame, un trauma qui se rejoue sans vraiment de tension, intriguant seulement dans les comportements du fou, avec une fin que l'on devine vite. Cependant je comprend que le film puisse séduire.