Meilleure adaptation Marvel de tous les temps, rien que le générique (bien long, bien 2000, genre on se demande si on n’a pas fait un black-out pendant le film et en fait c’est le générique de fin) donne des petits frissons de nostalgie. Peter Parker est brillamment interprété par un Tobey Maguire dont les yeux grands comme des soucoupes sont des lacs de béatitude dans lesquels on aimerait se noyer. Il a l’air d’un nouveau-né, oisillon fragile au bec humide, et lorsqu’il est mordu par une araignée génétiquement modifiée, il affiche tous les signes de l’ado désemparé qui vient d’être frappé par un genre de puberté radioactive. Il est tellement tarte et touchant que si un film Rick & Morty doit voir le jour, j’exige qu’on rajeunisse Tobey de 30 ans et qu’on lui confie le rôle de Morty sur le champ. C’est ce savant cocktail de sincérité innocente, de principes moraux solides (dus à une enfance orpheline mais non pas dénuée d’amour) et de mutations ultra badass qui rend le perso si sympathique.
Et tout le film, construit autour de cette figure centrale à la fois exotique et familière, est un vaste cliché confortable comme un souvenir d’enfance. On s’y installe avec délectation, on se prend d’autant plus au jeu du suspense qu’on sait déjà que l’issue ne sera pas fatale, et on se repaît avec indulgence et attendrissement des dialogues mièvres entre MJ et Peter, des coïncidences tragiques et des incohérences salvatrices qui pullulent dans le scénario, des faux raccords scandaleux et de la bouille congestionnée extrêmement gênante de Petey quand il pleure pour de faux. James Franco est un fils à papa et un cancre, Willem Dafoe affiche un visage de gobelin momifié particulièrement convaincant (a-t-il été jeune un jour ?), Kirsten Dunst est parfaite dans son rôle de diamant brut, de rose anglaise poussée dans une mare de fange. La scène du baiser reste évidemment la meilleure de l’histoire du cinéma, et quel bonheur de voir Spider-Man virevolter entre les gratte-ciels de NY, auréolé de gloire et fendant l’air avec agilité dans des contorsions d’une grâce quasi-surnaturelle…