Sony repousse encore une fois les limites de l'animation avec le film pop ultime, lettre d'amour aux comics et à l'animation.


Le premier était déjà une anomalie en soit dans le paysage super héroïque comme celui de l'animation, une anomalie devenue une révolution, dans le milieu de l'animation comme dans celui du cinéma par extension, puisqu'il nous a permis de découvrir un parfait hybride entre l'animation traditionnelle et l'image de synthèse.


En utilisant une technique dite du Final Line Advection, inventée par Disney pour le court-métrage 'Paperman' elle a ensuite été pleinement exploitée par 'Blue Sky' dans le film 'Snoopy' dont le nombre d'images par secondes faisait partie de la note d'intention, en passant volontairement à 16fps, donnant à l'animation cette impression de voir un dessin animé à l'ancienne rendant hommage et honneur au trait des comic strip de Charles M. Schulz, ce qui fait que les fan edits de ce genre de films comme ceux d'animation japonaise rajoutant des images pour passer à 60fps à partir d'une IA pour "faire plus fluide", devient une insulte envers le travail des animateurs et des artistes allant à l'encontre de leur intention.


Le premier Spiderverse magnifiait cette animation, et l'utilisait pour en faire une lettre d'amour aux comics, utilisant les gestions de la lumière et de la texture pour mettre en avant jusqu'aux erreurs d'impressions des vieux comics et les petits points sur les dessins, des apparitions d'onomatopées et d'astérisques...


Une énorme claque faite avec passion qui nous hurlait au visage son amour pour l'homme araignée, l'année du décès de ses créateurs Steve Ditko et Stan Lee.


Bien que l'histoire respecte un schéma narratif très convenu mais très maîtrisé (et c'est toujours malheureusement le cas pour ce 2e opus, qui en même temps se revendique beaucoup d'une narration de comics très simple), sa direction artistique surpassait sa propre réputation, ouvrant un nouveau pan au domaine de l'animation, avec des films sortis par la suite voulant imiter Spiderverse.


Et c'est presque dommage parce que depuis l'invention de l'animation 3D et la sortie du premier Toy Story, tout film d'animation 3D se devait de ressembler à un Pixar et ses seuls progrès étaient d'ordre photoréalistes, mais une fois qu'on a sorti Toy Story 4 et son haut niveau de réalisme, on fait quoi ?


Spiderverse nous avait rappelé les possibilités immenses de l'animation, le fait qu'il fallait libérer son imagination et qu'il n'y a pas à respecter la norme, on peut proposer quelque chose de nouveau, parce que l'animation n'a aucune limite.


Finalement au lieu de pousser les réals à expérimenter de nouveaux types d'animation, le film a créé une nouvelle norme, cet espèce d'hybride mettant tout le monde d'accord, que ce soit Sony avec les Mitchell vs les machines, Netflix avec Arcane, Nickelodeon avec Bob l'éponge 3 et prochainement le TMNT produit par Seth Rogen, ou encore dernièrement Le chat potté 2 chez Dreamworks et prochainement le film Wish chez Disney, sans la gestion du frame rate...


C'est génial de voir la révolution qu'a été ce premier opus, et en même temps dommage de voir la limite des réactions de ses successeurs.


Ce 2e opus dépasse en tout point le premier film là-dessus, les partis pris sont énormes, il sait d'où il vient et sait où il va, Lord et Miller aux mannettes de ce la suite de la dernière révolution technique au cinéma (avec peut-être Avatar 2 et sa gestion du HFR) savent qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités quand on fait ce type de production, et c'est parfaitement réussi.


Le film a surpassé mes attentes et m'a même fait pleurer d'admiration, 5 ans que j'attendais cette suite, et me voilà face à un film passionné par son univers et ses personnages, avec un mélange de tant de types d'animations, que ce soit l'univers aux backgrounds tout en aquarelle de l'univers de Spider Gwen dont les coulis et les couleurs participent à sa narration, un vilain au look d'un croquis de Léonard De Vinci, un héro reprenant toute l'imagerie Punk des Sex Pistols, le retour des films Lego de Sony par les mêmes créateurs dans une courte séquence...


C'est toujours ultra référencé comme le premier et c'est une surabondance à la fois too much et à la fois reflet du paysage pop-culturel que l'on peut voir depuis quelques années, celui qui fait le point sur la pop-culture, devenant ultra méta.


Et en parlant de discours méta l'histoire n'est pas exempt de ce type de discours : Miles devient une anomalie qui veut écrire sa propre histoire, s'éloigner de ce qui est appelé le 'canva' soit le 'canon', rappelant forcément toutes ces licences interconnectées dans la grande toile de la pop culture qui se doivent de se répondre, et Spiderverse 2 fait partie de cette grande toile, à coup de références et caméos en lien avec le MCU (que je ne spoilerai pas).


On nous présente ici un héro qui est une "anomalie" devenant une "révolution" au milieu du multivers de la culture actuelle, ne faisant que rappeler le passé à coup de nostalgie, des dinos-spiders vieillots qui doivent laisser leur place à une nouvelle génération d'artiste, comme Miles, un graffeur allant à l'encontre des normes et de la loi, un artiste pop et punk qui "n'aurait pas dû être mordu", tout comme cette saga ne devrait pas exister, en voulant détruire la toile pour tisser la sienne.


Miles comme le Spider-Punk, devient le représentant de la contre-culture, celui qui va à l'encontre des institutions, tout comme ses films se libèrent des obligations du studio de Kevin Feige pour totalement se libérer artistiquement.


Miles comme son film deviennent tout aussi Punk que Hobie Brown, veulent s'exprimer comme étant Spiderman sans en respecter les codes, et même si encore une fois la narration est très conventionnelle et en dessous de ce que propose ses visuels, le film fait un bien fou, et son cliffhanger m'a dégoûté tant je voulais en voir toujours plus, j'ai hâte de voir ce que nous proposeront les suites, mes attentes restent toujours immenses, mais ça arrive toujours à les égaler.

Cinecrologie
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le 31 mai 2023

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