You'll see, Peter. People... need to believe. And nowadays, they'll believe anything.

Après l’apothéose qua été Endgame, on pouvait se demander ce que Marvel allait nous réserver pour conclure sa troisième phase et poser les bases de la suivante. Spider-Man : Homecoming avait été dans l’ensemble une bonne surprise dans son approche du teen-movie superhéroïque, et avait proposé un des meilleurs vilains du MCU jusqu’à présent. La suite se révèlera du même acabit, bien qu’un poil inférieure.


Le premier film avait été dès le départ conçu pour nous montrer comment le commun des mortels vivait dans un monde où les Avengers venaient de sauver New-York d’une invasion extra-terrestre. Far From Home reprendra la même recette, même s’il finira par oublier cette approche dans sa seconde moitié, ce qui est un peu dommage. Dommage parce que si le « blip » prend une part importante au début, que ce soit pour l’intrigue ou même les running gag, il finira par être oublié alors qu’il y avait moyen de jouer sur l’impact d’un tel évènement. Dommage, parce que le film ne réussira pas à dissimuler son twist pour vraiment surprendre, et que si les motivations de Mysterio renvoient beaucoup à celle de Vulture (à savoir un groupe de personne que Stark a traité comme des moins que rien), elles seront remplacées par quelque chose de beaucoup plus basique et générique.


J’avais beaucoup aimé cette connexion, cet arc narratif dans la construction des vilain, car je trouvais que ça renvoyait et contrebalançait la figure paternelle de Tony pour Peter, d’autant plus dans le contexte de ce film où il se questionne sur son avenir. Lors de la bande-annonce, on se demandait bien ce que Mysterio pouvait faire du côté des gentils, on nous promettait un multivers, mais force est de constater que lorsque la menace « principale » est pratiquement réglée après même pas une heure de film, que Mysetrio ne se montre pas très subtil parfois, on comprend qu’il y a anguille sous roche. La scène pivot sera sans doute la meilleure, puisqu’elle est très bien amenée, et sa conclusion sera satisfaisante dans ce qu’elle propose et promet, mais ça sera vite balayée par la suivante où Mysterio ne devient plus qu’un vilain dirigé par son égoïsme. C’est dommage.


L’aspect teen-movie sera au final le seul qu’on retrouvera et qui ne décevra pas. Que ce soit comment Peter essaye de jouer avec sa double-identité (concept qui n’aura jamais été autant appuyé dans le MCU, rendant la première scène post-générique d’autant plus percutante en plus de proposer le meilleur caméo de tous les temps), sa relation avec les autres élèves de sa classe, comme Flash qui idolâtre Spider-Man mais ne cesse de rabaisser Peter, ou Brad qui essaye de lui voler le cœur de MJ. La romance avec MJ sera d’ailleurs un des bons points du film, dans le sens où elle reste dans la continuité du précédent film et respecte le caractère des deux personnages. On regrettera peut-être un peu la scène longuette entre les deux une fois la menace réglée. Quant à Ned, il reste toujours aussi fidèle à lui-même, et son arc narratif avec Betty sera source d’hilarité.


Au final, le film se voudra être un nouveau rite initiatique pour Peter, ou il apprend de ses erreurs et comprend l’héritage que Tony lui aura laissé et ce qu’il doit en faire. La séquence après le premier combat face à Mysterio sera presque caricaturale dans l’aspect « héros au fond du gouffre qui retrouve sa motivation grâce à un ami », et permettra au passage de donner un dernier hommage touchant à Tony. L’arc narratif de Peter sera donc satisfaisant, car on le voit réellement mûrir en tant que super-héros et adolescents, il prend conscience qu’il doit prendre certaines responsabilités. Une nouvelle fois, je suis déçu que l’essentiel de l’action ne se passe pas à New-York, même si on aura enfin droit à une scène de swing entre les gratte-ciels de Manhattan. Ce sera donc la deuxième scène post-générique qui fera office de prologue pour la phase 4 du MCU, et la prochaine saga, expliquant au passage certains aspects concernant des personnages secondaires.


Le casting sera dans l’ensemble correct. Tom Holland restera dans un registre qui fonctionne plutôt bien, Samuel L. Jackson et Cobbie Smulders auront plus des rôles secondaires, même s’ils jouent un rôle important dans l’intrigue et la mise en place plus global de l’histoire. Zendaya et Jacob Batalon resteront dans ce qu’ils ont proposé dans le précédent film, donc ça fonctionne. Jon Favrau propose une prestation assez touchante dans le sens où Happy est vraiment là pour passer le flambeau à la nouvelle génération, j’ai trouvé e geste très touchant, appuyant la fin de ce cycle.


Et pour ce qui est de Jake Gyllenhaal, je suis un peu mitigé. Ça reste bien loin de ses meilleurs rôles, mais on est loin d’une catastrophe. En fait, on peut reprocher l’écriture de son personnage, avec laquelle il joue juste, mais du coup quand le personnage Mysterio perd de son intérêt, Gyllenhaal en perd autant. Restera donc cette scène du retournement de situation au milieu, où l’on découvre la véritable nature de Mysterio, où Jake se retrouve au final seul et laisse libre court à son talent… Là, on ressent quelque chose, tout comme la scène de Michael Keaton dans la voiture.


Techniquement, pas grand-chose à redire puisqu’on reste dans une production Marvel calibrée au millimètre. Giacchino revient à la musique et proposera une musique dans la continuité de Homecoming, en reprenant les principaux thèmes dont le nouveau de Spider-Man (qui est très sympa, mais bon… on le voit lors de la scène du swing, ça ne vaut pas celui de Danny Elfman sur la trilogie de Raimi). Beaucoup de réorchestrations et musiques convenues donc, en dehors du thème de Mysterio que j’ai beaucoup aimé.


La mise en scène sera un peu décevante car peu inspirée, sans vraiment de plan ou de scènes marquantes qui ne repose pas uniquement sur un déluge de SF. Encore une fois, la scène de révélation de Mysterio sera sans doute la meilleure. J’ai beaucoup aimé également les passages dans les illusions de Mysterio, où pour une fois on joue vraiment avec les effets spéciaux comme de véritables artifices ; c’était très bien vu et très bien employé.


D’ailleurs, j’adore le fait que le costume de Mysterio soit justement une combi de performance capture, ça renforce le personnage. En dehors de ça, les effets spéciaux et les décors seront donc très classiques, bien réalisés mais toujours dans un déluge numérique. L’acte final souffrira d’ailleurs un problème de lisibilité, avec notamment un montage beaucoup trop haché entre les différentes scènes impliquées.


Spider-Man : Far From Home sera donc dans la lignée du précédent et de la majeure partie des films Marvel dernièrement, à savoir un film fun, divertissant, mais qui manque de transcender son spectateur. Il permet toute fois de donner un ultime et très bel hommage à Tony Stark, de passer le flambeau pour le nouveau cycle (qui s’annonce donc très axé sur l’aspect cosmique du MCU), et de nous donner le meilleur caméo de tous les temps.

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le 13 juil. 2019

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vive_le_ciné

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