Je craignais le pire en entrant dans la salle.
Les trailers annonçaient un teen movie classique avec des gags par centaines et un Tony Stark omniprésent, comme pour rappeler à chaque instant que le film solo de spidey avait avant tout vocation à rattacher son histoire au reste du MCU (Marvel Cinematic Universe). En gros, j'avais peur de me retrouver face à une sorte de "Iron Man 2 bis", un mauvais épisode filler, en attendant la prochaine baston d'envergure.
Eh bien je me suis gouré. Et heureusement.
Car ce "Spider Man: Homecoming", tout en restant très classique et formaté pour plaire au plus grand nombre, déborde de bonnes idées.
Je vais spoiler à partir de maintenant donc si vous n'avez pas vu le film, fly you fools !
[SPOILER]
Premièrement, les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas nous infliger la sempiternelle origin story du héros (mort du tonton, morsure de l'araignée, blablabla...) et reprennent l'histoire de notre jeune homme-araignée (15 ans seulement) là où elle s'était arrêtée à la fin de "Civil War".
Spider-Man est d'ailleurs introduit à travers des scènes de "Civil War" filmées par son téléphone portable, l'occasion de rompre avec les intros très classiques des autres "stand-alone" movies et d'offrir une vision fraîche et réjouissante du personnage et des événements passés.
L'idée de faire de Spider-Man est ado paumé et constamment en quête de reconnaissance (principalement de celle de son idole, Tony Stark alias Iron-Man), est en fait à double tranchant.
D'un côté, elle apporte au film un subtil équilibre entre légèreté et mélancolie, tant l'adolescent se démène sans succès pour impressionner son entourage. Tantôt drôle, tantôt touchant, Tom Holland était un choix judicieux pour le premier rôle.
Malheureusement, chez Marvel, les recettes qui fonctionnent sont aussi celles qui écœurent. Ainsi, un peu comme dans "Les gardiens de la Galaxie 2", on peine à ressentir de la peur et de la tension durant les scènes de combat, tant notre héros est "cool".
Car ce côté "cool" et "teenage movie", le film l'assume complètement. On a donc droit au sidekick loser (ici un camarade de classe de Peter) assez agaçant, à la fille canon du lycée avec qui tout le monde veut sortir, le bully de service, etc...
Cependant, et ce malgré certaines lourdeurs, Jon Watts ne tombe pas dans la comédie putassière. Certaines vannes, notamment celles liées aux apparitions télé de Captain America sont vraiment bien trouvées, et la légèreté l'emporte souvent sur le rire gras.
Un autre bon point du film, c'est son méchant. Michael Keaton incarne le "Vautour", ancien ouvrier désœuvré suite à la récupération de son chantier par les entreprises Strark, et contraint de vendre des armes de technologie alien (Cf: "Avengers 1") pour maintenir sa petite équipe à flot.
Bien entendu, ces armes sont utilisées dans des cambriolages, ce qui amène Spidey à enquêter.
Là où tout ça devient intéressant, c'est lorsque le "héros de quartier" se confronte au "méchant par défaut". Tels deux losers, ils s'affrontent pour des raisons purement égoïstes, bien loin des batailles de titans livrées par les héros musclés du MCU . Spider-Man veut prouver sa valeur aux Avengers, le Vautour veut continuer son business. C'est aussi simple que ça.
Et retourner à des enjeux si simples et humains après des films comme "Doctor Strange" ou "Les Gardiens de la Galaxie 2", ben ça fait du bien !
On assiste malheureusement à une scène bien inutile dans laquelle Michael Keaton pulvérise un de ses associés pour montrer qu'il est méchant (bon, a priori, il pensait pas que le tir était létal, mais bon...). Je précise au passage que le costume du Vautour pète la classe.
J'en profite pour parler des scènes d'action. Elles sont assez bien filmées (le combat sur le bateau rappelle les meilleurs moments de la saga de Sam Raimi), parfois un poil illisibles (le combat final sur l'avion). La réalisation, de manière plus générale, est plaisante (la scène des "gravats", notamment, est très réussie, tant par le visuel que par les effets sonores).
Mais qu'en est-il de Tony Strak, finalement ? Eh bien il sait rester à sa place. Il est même mis dans le rôle du salaud de service, celui qui a à la fois scellé le destin du Vautour et qui s'est servi de Peter Parker pour ses intérêts personnels avant de le laisser tomber. C'était assez osé de la part des scénaristes de le placer dans une position aussi cynique, même si tout l'emballage très "feel good" du film est là pour nous rappeler que les réflexions s'arrêteront là et qu'on continuera à aimer Iron-Man dans les prochains films...
Alors pourquoi seulement 6/10 ?
Parce que malgré toutes les qualités précédemment évoquées, "Spider Man: Homecoming" reste ultra-calibré, parfois agaçant, et d'une linéarité complète.
Il n'en reste pas moins sympathique et rafraîchissant... Allez, 6,5/10.