Je dois admettre que j’ai été agréablement surpris par ce film. La promo n’avait pas réellement réussi à créer une attente insoutenable, les bandes-annonce m’avaient plutôt laissé de marbre, laissant suggérer que le seul aspect qui m’attirait réellement, c’était de voir la relation entre Peter et Tony. Au final, j’ai été plutôt convaincu par le film, et mon attente sera ma seule réelle déception sur le film.
En tant que film s’inscrivant dans le MCU (et de façon assez fluide même s’il crée une énorme incohérence temporelle) et réintroduisant un des personnages les plus iconiques du catalogue Marvel avec déjà 5 films à son actif ; Homecoming s’en sort plutôt bien. Il y a un bon équilibre entre le teen-movie et le film de super-héros, même si le premier aspect sera parfois un peu lourdingue dans son traitement. Surtout, c’est qu’on a là un Peter Parker ET un Spider-man auxquels on a envie de s’attacher, qui nous font rire, qui respire à la fois la bonne humeur et l’espoir qu’incarne le personnage. C’est rafraichissant dans ce sens-là, car au final ça faisait 13 ans qu’on attendait de retrouver un Spider-man au cinéma, et encore les films de Raimi s’étaient plutôt démarqués du support original par rapport à cet aspect-là.
Mon seul regret, au final, c’est que l
a première scène purement héroïque de Spidey se situera à Washington et non à New-York.
Bien sûr, la scène elle-même est très bien et efficace, faisant son office. Mais pour la symbolique, je trouve ça dommage.
Spider-man est LE héros de New-York, c’est sa signature.
Dans le même sens, il y aura la tenue elle-même : en soit, ce n’est pas dérangeant, et Karen sera même amusante, mais parfois ça fait un peu too much et on perd le côté Spider-man. Alors oui, c’était pour la partie de l’intrigue sur l’héroïsme de Peter, mais bon quand même.
Après, il ne faudra pas se leurrer. Oui, le film repose au final sur la même recette que les autres films du MCU, même si elle aura une saveur différente. Encore une fois, le fond même manquera vraiment à me transcender au-delà de l’aspect fun du film. Car oui, si j’ai passé un très bon moment, si je me suis fait remarquer dans la salle ; encore, il manque ce petit truc qui me fait dire whaou. Qui me laisse bouche-bée. Qui me scie sur mon fauteuil. Jusqu’à présent, seul Avengers a réussi le coup, et c’est marrant de voir que Homecoming s’ouvre justement là-dessus. 5 ans déjà, presque 10 films, et j’attends de retrouver un jour cette étincelle.
Mais bon, encore une fois, j’ai passé un agréable moment et le film s’avèrera au final aussi bon que Le soldat de l’hiver, faisant de lui l’un des meilleurs de cet univers. Son gros point fort par rapport à beaucoup d’autres films du MCU, c’est son vilain. Je ne suis pas un grand lecteur de comic Marvel, je connaissais vaguement le Vautour de la série animée des années 90. Ce qu’on nous présente là, c’est un vilain dont j’ai l’immense plaisir de hisser aux côté de Loki et Killgrave dans le panthéon de vilains du MCU (oui, parce que bon, les autres, voilà).
Son historie et sa personnalité font qu’il fonctionne chez moi. Le fait qu’il s’agisse d’un père de famille opportuniste qui s’engouffre dans une filière, même si ça veut dire un peu franchir la limite. Il a une certaine forme d’honneur, il n’en veut pas spécialement à Peter lui-même, et surtout il est non seulement prêt à tout mais on sent que sa motivation, c’est sa famille. Il ne fait pas ça pour lui, il fait ça pour eux ; et ce choix influence tout ce qu’il fait par la suite, sa morale. Sa relation avec Peter est très intéressante d’ailleurs,
même si du coup le twist était très largement prévisible (je m’attendais même en fait à ce qu’on le voit lors de la première fête chez Liz) ;
mais d’un autre côté, la scène dans la voiture… mamma mia, mais cette scène est un pure bonheur de tension.
Concernant les autres personnages, là en revanche je suis un peu plus mitigé. Bon, c’était marrant de voir comment il exploite Tante May et jouent un peu sur le débat qui enflamme internet ces derniers temps. Ned était un sidekick plutôt intéressant, entrant parfaitement dans l’archétype de ce genre de personnage tout en n’étant pas lassant ou énervant, l’équilibre est encore très bien dosé. Le personnage de Liz
n’est malheureusement là que pour amener le twist,
ce qui me chagrine un peu dans le sens où ça aurait été sympa de voir Peter avec un autre love interest que Gwen (on notera d’ailleurs le petit clin d’œil lors de la scène de l’ascenseur) ou Mary Jane.
Parlons-en d’ailleurs de MJ :
le personnage de Michelle est plutôt discret, mais ces quelques scènes étaient plutôt sympas. J’ai un peu peur cependant que la romance (si ça se confirme) fasse artificielle, dans le sens où on ne sent pas vraiment une alchimie avec Peter (enfin, pour elle oui, on sent un truc ; mais du côté de Peter, on a plutôt l’impression que c’est juste une amie). À suivre donc. Quant aux autres personnages ici et là, pas franchement convaincu : on sent qu’il y a des easter egg (cf première scène post-générique, qui d’ailleurs a scellé mon admiration pour le personnage du Vautour), Flash est désolant, et Tony Stark… décevant. Enfin, pas décevant en soit, décevant parce qu’au final, on aura déjà vu toutes ses scènes dans la bande-annonce, ce qui est dommage. Après, la relation qu’il entretien avec Peter est intéressante (la dernière scène au QG des Avengers quoi) et j’ai hâte d’en voir plus. Et puis, juste gros coup de cœur pour la deuxième scène post-générique :
se faire troller ainsi par Captain America,
j’en redemande !
Concernant le casting, Tom Holland m’a totalement convaincu. Dans Civil War, il avait plutôt bien réussi à introduire les deux facettes du personnage, mais un montage pas forcément bien fait avait un peu raté le côté Peter. Là, dans son propre film, non seulement il incarne très bien les deux, mais surtout il nous montre que Peter Parker et Spider-man ne font qu’un, et ça c’est un grand plus par rapport aux précédentes interprétations. De plus, il est juste parfait en tant qu’ado surexcité et totalement fan, mais là où je tire mon chapeau, c’est encore une fois la scène de la voiture (et juste avant) : l’expression sur son visage… ça, c’est du talent d’acteur.
J’en arrive à Michael Keaton… Ah Michael Keaton… Batman de mon enfance, acteur un peu has been avant de revenir dans mon coup de cœur Birdman et confirmer après sur Spotlight ; il revient ici à ces premiers rôles, incarnant l’autre côté. Et franchement, mais qu’est-ce qu’il survole ce film, de bout en bout. Chacune de ses scènes sont superbes, mais surtout il est parfait dans ce rôle de père opportuniste voulant le bien de sa famille. Il est impérial, il dégage une prestance, il est à l’aise et, surtout, il y a une alchimie certaine avec Tom Holland. Encore, je cite la scène de la voiture.
Sur le reste du casting, mon avis rejoindra un peu les personnages, les acteurs en étant au final assez proche (comprendre que Jacob Batalon est très chouette et Laura Harrier ennuyante). Ah, Marisa Tomei ne m’a pas entièrement convaincu sur son personnage, mais c’était plutôt sympa
(et puis sa F-bomb est sans doute une des meilleures de ces dernières années).
Robert Downey Jr se fait son petit caméo pépère, mais c’est surtout avec grand plaisir qu’on retrouve Gwyneth Paltrow (enfin, tout est relatif), mais surtout Jon Favreau.
Techniquement, c’est là que le film n’a pas réussi à concrétiser. Bon, soyons honnête, comme tout film Marvel, c’est bon voire même très bon. Mais bon, c’est aussi en partie à cause de ça que je n’arrive pas à ressentir ce petit truc que je recherche. Michael Giacchino composera une musique dans l’ensemble très sympa, avec un thème central efficace et dans l’esprit du personnage
(on notera également le remix du thème iconique des années 60 lors du logo Marvel) ;
mais encore une fois, tout comme le reboot de Webb, il manquera à créer quelque chose d’aussi épique et virevoltant que Danny Elfman.
Décors et effets spéciaux seront dans l’ensemble très corrects. On notera l’effort non négligeable d’avoir un dernier acte plutôt sobre en la matière, plus axé sur l’humain que le spectaculaire. La mise en scène sera efficace dans l’ensemble, jonglant plutôt bien avec les deux genres, mais là encore, il m’a manqué cette mise en scène qui me plonge au milieu de New-York au côté de Spider-man, ce truc qui me prend les tripes et m’en couple le souffle. En revanche, et là je salue John Watts et Marvel (même si c’est involontaire), mais il y a un plan que j’ai particulièrement aimé (en plus de la scène de la voiture, encore), c’est celui juste après que Peter sorte des décombres, lorsqu’on voit la silhouette du Vautour posé sur un panneau, les ailes rabattues, sur fond de New-York… Je ne sais pas, mais moi j’y vois un magnifique hommage à Michael Keaton et le dernier plan de Batman, que j’appelle d’ailleurs depuis le « plan Batman ». Clin d’œil, hommage, coïncidence… peu importe, mais j’adore ce plan.
Homecoming est donc une bonne surprise pour ma part, qui avait un peu perdu espoir concernant Spider-man et n’attendait pas grand-chose de la part de Marvel. Mais étrangement, et tout comme Le soldat de l’hiver, ils ont réussi à me surprendre et à proposer ce qui est du coup pour moi, un des meilleurs films du MCU.