Nouvel épisode cinématographie consacré à notre fidèle serviteur l’araignée, Spider-Man : Homecoming a sur le papier tout pour plaire. Un nouvel – et bon – acteur en la personne de Tom Holland dont la jeunesse colle parfaitement à l’âge du personnage, que Marvel maintient (sans raison) à tout prix au lycée. Le personnage est introduit dans le troisième Captain America, avec en plus la promesse de ne pas remontrer ses origines (erreur de The Amazing Spider-Man), dans une scène montrant que la responsabilité fait partie de ses préoccupations premières. Plus de dix ans après Spider-Man 2, une nouvelle adaptation réussie semblait se profiler.
Hélas dès la première scène incluant Peter – le prologue du film introduisant Adrian Toomes – les (six !) scénaristes montrent leur mécompréhension du personnage en le faisant vloguer ses aventures avec les Avengers (et je ne parle même pas de leur erreur dans la chronologie avec le « 8 ans plus tard »). La mauvaise impression se poursuit, montré dans Civil War comme étant capable de battre la plupart des Avengers, Peter se montre ici apparemment incapable de se balancer correctement (en plus d'avoir le vertige...), dans une scène où il s’écrase (il y en a en réalité plusieurs) qui rappelle d’ailleurs celle du premier film de Sam Raimi (Shazam !). La plupart des scènes d’actions le montrent également incapable des gérer ses combats. Il semble alors avoir constamment besoin de l’aide de Tony Stark (autre problème du film) pour arranger des situations dont il est en partie la cause, exemple la scène du ferry (pratiquement reprise de la scène du train de Spider-Man 2) qui pourrait être le moment de bravoure du film si ce n’était pour le Tony ex machina qui s’ensuivait.
Tous les personnages secondaires qui, à l’instar du monte-en-l’air, ne ressemblent que trop peu à leur équivalents papiers. Ainsi, Ned Leeds, journaliste au Daily Bugle est maintenant le meilleur ami de Peter et une copie conforme de Ganke des comics Miles Morales. Flash Thompson le bully athlétique (qui souffre de problèmes de père abusif en réalité même si cela n’excuse pas son comportement) devient une espèce de gosse de riche intello. Betty Brant, du Daily Bugle, est ici une lycéenne dont le look rappelle curieusement Gwen Stacy. De même le film semble plus intéressé de nous rappeler que Tante May est maintenant sexy (via Tony Stark et la scène du restaurant) que de la représenter comme mère de substitution. Et enfin, pire que tout, Ben Parker n’est pas mentionné une fois, c’est tout juste si Peter fait allusion à lui. Et surtout Mary Jane Watson - surement le personnage le plus important de la mythologie après Peter lui-même – en plus de ne servir à rien dans le film, s’appelle maintenant Michelle (WHAT THE FUCK) et est une solitaire qui fait une fixette sur Peter – alors qu’elle était présentée dans les comics comme une fille aimant la fête, comme façade pour cacher ses problèmes personnels.
Autre problème majeur du film, découlant directement de l’absence de l’oncle Ben, le manque de gravitas et d’enjeu du film. Puisque Peter est privé de son traumatisme originel (et qui permettait une empathie directe avec le spectateur), sa principale motivation est de se montrer digne d’être un super-héros aux yeux de Tony Stark, parce qu’il est « awesome ». Spider-Man : Homecoming donne parfois l’impression d’être une sorte de spin-off d’Iron Man plutôt que le début de sa propre saga (pour autant que l’on puisse encore parler de saga solo dans le cadre du MCU). L’humour est aussi, comme souvent dans le MCU, une entrave qui empêche la gravité de s’installer. La scène finale du film en est le meilleur exemple. Mais il ne faut pas oublier une des pires idées du film : Karen. L’IA du costume de Peter, assurant un rôle de comic-relief dont on se passerait bien (juste après le sauvetage de Liz), elle contribue à l’omniprésence de Tony Stark dans le film tant son existence même rappelle Jarvis et Friday. Sa présence est d’autant plus dommageable qu’elle est un frein à la solitude du personnage (dimension importante du personnage à ses débuts) même si elle permet à Peter de parler de lui et donc au spectateur d’avoir accès à ses pensée – mais une voix off aurait tout aussi bien marché.
Cependant, le film réussit à mener son histoire jusqu’au bout sans s’éparpiller comme le faisait en son temps The Amazing Spider-Man 2. Il est même agréable à suivre une fois que Tony reprend le costume (nous débarrassant en même temps de Karen) et ce malgré la réalisation plutôt plate de Jon Watts, les effets spéciaux pas toujours au point (les fonds verts dans la scène avec Tony citée juste avant) et l’humour grossier. Le film a ainsi la bonne idée de faire émerger son méchant des suites de l’attaque dans le premier Avengers, tirant donc profit de l’univers partagé. Pareillement voir Peter s’affranchir de Tony et des Avengers à la fin du film est positif. Les acteurs sont également tous excellents, mention à Laura Harrier (elle n’est même pas sur le poster du film alors que Zendaya y est…) qui permet de rendre Liz attachante malgré son rôle réduit à love interest de (Peter) et fille de (Toomes). La musique de Giachinno est également plutôt pas mal (surtout compte tenu de l’état des BO du MCU) j’aime assez le thème principal ainsi que son motif pour Liz. Et surtout j’ai envie de le voir revenir sur les prochains pour voir comment il va développer tout ça.
Homecoming est donc un film qui pourrait être agréable car il a quelques vraies qualités mais il est en même temps une très mauvaise adaptation du personnage dont il lance la nouvelle saga, ce qui en fait un des pires films du MCU. Je lui préfère même TASM2 je crois bien, qui n’avait pas peur de montrer la tristesse de la vie de Peter Parker, et évidemment la série Spectacular Spider-Man qui reste l’adaptation parfaite du personnage (aussi au lycée !). Pourtant je garde quand même un petit espoir pour la suite, débarrassé de Tony Stark (et de Karen avec un peu de chance) Peter devrait enfin pouvoir briller. Zendaya pourrait être une Mary Jane parfaite si écrite correctement et comme son personnage est à peine esquisser dans ce film c’est encore possible; il est d'ailleurs évident qu'elle sait déjà que Peter est Spider-Man.