Spider-Man : New Generation parvient à articuler les nombreux embranchements des comics Spider-Man et les différentes versions du personnage tout en donnant une forme et une cohérence à cet univers riche en couleurs et émotions fortes. Une évidence pour le public du monde entier… à moins que ?
Pour résumer brièvement : Miles Morales est un jeune de Brooklyn, fils d’un officier de police, fléau des héros masqués devenus très populaires. Doué en tout : à l’école comme en graphe, il n’en est pas moins ébranlé par son intégration dans un nouveau lycée, plus encore par la morsure d’une araignée radioactive qui, à l’instar de Peter Parker, lui octroiera des pouvoirs divers. Reste à savoir s’il parviendra à prendre la relève de Spider-Man ; du moins sa figure ; car il ne semble pas être le premier ni le dernier dans ce cas.
N’étant pas un fervent lecteur de l’« Ultimate Marvel », j’étais parti avec une certaine appréhension ; à considérer mon amour pour la trilogie de Sam Raimi, bafoué à deux reprises par les derniers reboots de la franchise : The Amazing Spider-Man et Homecoming. Je ne m’attendais plus à grand-chose de la part de l’homme araignée, quoique le rendu de la bande annonce m’eût beaucoup attiré, offrant un visuel chatoyant à la pointe de l’animation : capable de mêler à la fluidité de la 3D des traits granuleux et vivants empruntés aux dessinateurs de comics. Si Disney et Pixar parviennent encore à nous éblouir avec un Coco sublimement carnavalesque et des Mondes de Ralph 2 prometteurs, il n’est que plus appréciable de s’écarter de la norme des Gobelins au profit d’une animation parfaitement originale. L’étalonnage des couleurs autant que certains effets de découpage ; notamment l’apparition de bulles de pensées ; contribuent même à donner l’illusion qu’il ne s’agit plus seulement d’un film, mais bien d’une BD en mouvement. Mais il ne s’agit pas seulement d’une révélation artistique, puisque le scénario joue plus ou moins subtilement de la multiplicité des figures super-héroïques pour nous introduire à leur monde. Même les personnages ont du mal à croire ce qu’ils voient ; alors qu’ils n’hésitent pas un instant à briser le quatrième mur (on pensera notamment aux introductions des « autres » Spider qui s’excusent de nous faire perdre du temps) et progresser dans un univers échappant à toute logique narrative ou visuelle, sinon celle de Miles Morales, jeune homme en quête d’identité, de reconnaissance, qui se révèle bien plus touchant qu’un Tom Holland résolument blagueur : l’« adolescent rebelle » des Avengers.
Il n’a pourtant pas eu le succès escompté en France, la faute à une image infantilisante collée aux studios d’animation se targuant d’offrir du contenu multi-générationnel. Il suffit de voir l’intitulé de l’affiche : « L’événement familial de la fin d’année. » J’étais surpris en entrant dans la salle de cinéma par l’omniprésence des 5-11 ans qui, non seulement auraient beaucoup de peine à s’identifier à un adolescent en pleine crise, mais ne risquent pas non plus de reconnaître la patte graphique ou l’extraordinaire productivité du monde des comics. Il n’en reste pas moins un bel hommage à la bande-dessinée américaine, qui laisse imaginer un nouvel horizon pour l’animation. A voir maintenant si l’influence grandissante des studios japonais au contenu plus mature, ainsi que d’autres révélations comme New Generation, finiront par changer le regard porté sur ces films.
N’hésitez surtout pas, et profitez des dernières semaines de diffusion pour le voir sur grand écran, car il risque de ne pas survivre au box-office dans nos salles.