Je découvre enfin avec un peu de retard ce film d’animation sur Miles Morales et le fameux Spider-Verse. Si j’étais sceptique après les bandes-annonces, les retours plus que positifs et l’Oscar glané au nez et à la barbe de Disney/Pixar avaient titillé ma curiosité. Et j’admets que c’est non seulement un excellent film d’animation, mais sans doute l’un des meilleurs films sur Spider-Man (sinon le meilleur), et l’un des meilleurs Marvel tout court.
J’ai beaucoup aimé le film dans sa globalité, et je dirais même que j’ai adoré les deux premiers tiers du film, jusqu’à ce que le groupe de héros rencontrent les autres versions. Si Spider-Man Noir apporte une touche intéressante du point de vue de l’animation, les autres (Spider-Ham et Peni Parker) sont franchement superflus compte tenu du film. Ce qui est dommage, parce que ça casse un peu le rythme du film à ce moment du récit, et ces trois-là ne seront jamais vraiment exploités pleinement. Toutefois, en dehors de cette petite faiblesse, le reste du film est un pur régal de comicbook.
On y retrouve tous les ingrédients qui font de ces histoires quelque chose de passionnant : une intrigue palpitante, des héros avec des faiblesses qui essayent de les surmonter, des drames familiaux, des antagonistes avec des motivations auxquelles on peut se rattacher, de l’humour, des émotions, de l’action… Et le tout sans de longueurs, tout est dosé à la perfection pour que ce soit divertissant tout en étant intéressant à suivre. L’intrigue est brillamment construite car joue sur nos connaissances et nos attentes de l’univers de Spider-Man, n’hésite pas à s’autoparodier et sait aller à l’essentiel. L’histoire est à la fois simple de par son fil rouge et complexe de par les messages qu’elle transmet.
Les personnages sont très attachants (du moins, en dehors de ceux que j’ai cité), parce qu’on les voit comme ils sont : des humains avec des faiblesses. Le personnage de Miles porte très bien le film, dans ce rite initiatique en quelques sortes, quand il est écrasé par l’héritage auquel il doit faire face et qu’il comprend après que c’est à lui de faire sa voie. Tout comme le Peter Parker « âgé » qui n’a rien perdu de sa personnalité mais a seulement dû faire face aux aléas de la vie, ou Gwen Stacy qui veut faire ce qui est juste. Tous ont des motivations différentes, mais touts poursuivent un but similaires.
Idem avec le Caïd, qui se montre à la fois menaçant mais dont les réelles motivations sont touchantes, ou quand Miles découvre la vérité à propos de son oncle, et ce que ça implique concernant leur dynamique. Tous ces personnages sont crédibles dans leur construction, tout en gardant ce côté propre au monde des super-héros. Petite digression pour dire que je suis fan de Tante May en mode Alfred, c’est tellement bien mené.
Techniquement, le film est une merveille. La musique reste très classique dans l’ensemble, avec des thèmes très sympa et une bande-son bien adaptée aux différentes scènes. En revanche, l’animation est superbe à tous les niveaux. Ce mélange d’univers 3D avec des rendu 2D, comme ce qu’on peut voir dans les jeux vidéo Batman Telltale, fonctionne à merveille car elle garde un certain réalisme dans son univers mais permet toutefois de garder ces mouvements propres aux comicbooks. D’ailleurs, certaines scènes sont clairement conçues comme de véritable cases et jouent avec les codes de ce média, c’est vraiment chouette. Bien sûr, il y a aussi le rendu qui rend hommage aux numéros des années 60-70, mais c’est un plus. Le tout fonctionne à merveille et procure une expérience à la fois unique et fidèle au matériel originel.
Spider-Man : Into the Spider-Verse est donc à la fois une très bonne surprise pour moi, et une réussite en tant que film. Accessible à tous, porteurs de messages sur notre héritage et ce qu’on en fait, ce film est un petit bijou qui n’a pas volé son succès.