Bon, après m'être bien marré comme un gros con, j'viens d'hésiter fortement à mettre 7 à ce film. Et d'ailleurs j'hésite encore.
Tout comme avec Creepies précédemment commenté, c'est bien sûr un film de merde qui n'a d'autre prétention que de divertir joyeusement en exhibant des monstres absolument pas crédibles mais tellement jouissifs de surenchère culminant au totalement débile, ce point absurde succulent, sommet enneigé du film pourri, firmament de la bonne daube qui, sans lui, laisserait le gout amer du gros manque de burnes de ne pas avoir été au bout du délire.
Spiders est une cour de récré, tant pour le réalisateur fort inspiré que pour les acteurs tous tout à fait au courant qu'ils ne sont pas en lice pour l'Oscar de quoi qu'ce soit. Et à partir de là, on a le choix : Prendre tout ça au sérieux et attendre une bonne série B horrifique prolixe en frissons ou admettre se taper un pur film de défoule délirant à l'entrain pour les grosses bêtes décérébrées et le n'importe quoi si communicatif. Et si on choisit avec raison ce second chemin, ce gros bordel nous entraîne dans une suite de références bien vues et jamais lourdingues, allant d'Alien à The Thing en passant par L'Exorciste ou Terminator au milieu d'un festival de pattes ballotantes en caoutchouc... bien malheureux celui qui prendrait tout ça au sérieux et verrait 1h30 de sa vie s'écouler dans l'aberration et l'affliction la plus totale. Mais ce serait dommage...
Parce que ce film mérite d'être pris comme il est et d'être reconnu pour ses quelques qualités. Les images de synthèses ne sont qu'un des outils du film, et on a bien souvent droit à de vrais monstres à huit pattes tout de plastique façonnés et de mécanique sobrement animés courant dans les couloirs, chopant un soldat et l'aspirant par une trappe par ci, en engluant un autre dans de la toile par là, transperçant les cloisons à coups de crocs et enfonçant des portes d’ascenseurs dans des décors de sous-sols miteux et humides issus d'une fusion entre Aliens et Carnosaur. Dès qu'il démarre, le film ne s'arrête plus. Aussi moche qu'enthousiaste, le défilé d'idées surprend. Je viens de passer mon temps à exprimer intérieurement mon étonnement face à l'audace de la réalisation devant quelques scènes vraiment réussies pour une production si modeste, pour ne pas dire merdique. Des visages se déformant sous les effets du venin, façon Leo G. Carrol dans Tarantula, une araignée monstrueuse chuintante et suintante grosse comme un castor sortant du gosier d'un mourant sous les yeux horrifiés de ses infortunés secouristes, une autre laissée pour morte s'ouvrant pour tranquillement muer dans un concert de bruits de succion et autres dégoulinures luisantes avant de se remettre à poursuivre ses proies dans les couloirs noirs et à tisser de la toile en abondance pour y emmagasiner des cadavres en décomposition, le tout avant le final totalement con ou génial au choix, l'un allant souvent de paire avec l'autre dans ce genre de film : Un homme donnant naissance dans une transformation grotesque à un arachnide titanesque gros comme un immeuble, se mettant directement en tête d'occire de l'humain hurlant en masse, de défoncer des voitures affolées en les faisant valdinguer à grands coups de pattes et de crocs avant de se prendre pour un gorille géant en escaladant un building sous les yeux d'une ville apeurée et d'un téléspectateur fortement amusé.
Alors bien sûr, l'ensemble est mal foutu, c'est un mauvais film en soi, bien pourri comme il faut. Mais pas raté. Non. A aucun moment ce film ne passe à côté de ses simples objectifs de divertissement pour quiconque accepte de voir de la daube créative tendant vers la démesure aussi conne qu'explosive. C'est marrant, fendart, ça laisse pas de temps mort, ça renifle bon le nanar généreux et ça rappelle un peu le ciné Bis des 80's (un tout ptit peu).
Moi j'suis pour.